Feuille de quinzaine n° 495

Du dimanche 25 juin au dimanche 3 septembre 2023

« Reposez en paix ! »

Cette invitation, presque une bénédiction, vous parait elle un peu morbide ? Elle pourrait s’apparenter à ce que nous entendons si souvent au moment des obsèques….

Mais ce repos est pourtant nécessaire pour que notre organisme reste bien vivant ! La période estivale est propice au calme, à la tranquillité, au changement de rythme, et il n’est pas certain que la multiplication des activités et des déplacements nous fasse bénéficier d’une grande paix intérieure.

La tradition biblique reconnait l’alternance, inhérente à notre nature, d’une frénésie d’activités humaines et du sens du vrai repos en Dieu. Plus qu’une cessation de toute activité, il s’agit d’une remise, entre les mains du Seigneur,  de ce que nous faisons.

Israël a dû sanctifier le sabbat : «  Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier » (Exode 20, 8). Et ce sens est à double portée : le rappel  que ce peuple  a été libéré de l’esclavage (« Dieu t’a libéré, il t’a fait sortir de la servitude par un bras vigoureux » (Deutéronome 5,15), et qu’il peut maintenant participer pleinement au repos de Dieu, le 7eme jour de la création (« Dieu bénit le 7eme jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création » (Genèse 2,3).

Voilà une alliance que Dieu confie à son peuple : « ce peuple gardera le sabbat, en l’observant dans les générations, c’est une alliance éternelle » (Exode 31,17).

Ne vous imaginez pas un repos restrictif et triste : la joie et l’abondance y sont au rendez vous ! : «  Si tu observes le sabbat, tu trouveras tes délices dans le Seigneur, je te conduirai en triomphe sur les hauteurs de Sion, je te nourrirai de l‘héritage de ton père Jacob » (Isaïe, 58, 13).

Avec les psaumes, nous en recevons une description plus précise encore : « Dieu a fait choix de Sion : c’est ici mon repos à tout jamais. Sa nourriture, je la bénirai de bénédictions, ses pauvres je les rassasierai de pain ; ses prêtres, je les vêtirai de salut, et ses fidèles jubileront de joie. Ses ennemis je les vêtirai de honte, mais sur Sion fleurira un diadème ». (Ps 132).

Si Jésus nous dit que son Père et lui travaillent sans cesse (« mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’oeuvre moi aussi » (Jean 5,17), ce n’est pas pour entrer en contradiction avec le 1er Testament, mais pour nous faire comprendre que l’activité créatrice de Dieu est maintenant relayée par la miséricorde de son Jugement, bien à l’œuvre dans ce monde. Le livre du Siracide (ou Ecclésiastique) nous y avait déjà préparés : « En Sion, je me suis établie, dit la Sagesse, dans la cité bien aimée j’ai trouvé mon repos, en Jérusalem j’exerce mon pouvoir » (Siracide 24,11).

Avec le livre de l’Apocalypse, qui clôt la Bible et lui en donne son sens plénier, nous entendons que les Vivants ne cessent de répéter, jour et nuit, la louange du Dieu trois fois saint (Ap 4,8).

Bon et nourrissant repos à tous les amis de Saint Leu, et belle prière de louange !

A.B.+

Feuille de quinzaine n°494

Du dimanche 11 juin au dimanche 25 juin 2023

« Mais où est passé Jésus ? »

A cette candide question d’un petit enfant, qu’auriez vous répondu ?

Comme je lui expliquais, aussi patiemment que je pouvais, que Jésus était présent dans le tabernacle, l’enfant me dit, avec déception : « mais elle est toute petite la maison de Jésus ! ». Visiblement, il lui fallait un immense palais, à la mesure d’un Dieu aussi grand.

« Il dort là Jésus » ? Puis, cette affirmation : « on me dit toujours de ne pas faire de bruit dans l’église, comme quand mon papy fait la sieste. ». « Et mon autre papy, il dort pour toujours, parce qu’il était très fatigué ». Devant mon affirmation que Dieu ne dormait pas, cette remarque : « Si Jésus ne dort pas dans le tabernacle, c’est qu’il n’est pas fatigué ! ». 

Les remarques enfantines font sourire, mais ne cachent-elles pas souvent une part de désarmante vérité ?

Si le Seigneur veille dans le tabernacle, il n’est pas fatigué : ni de nos rebuffades, ni de nos absences, ni de nos prières rabâchées ou de nos demandes inconsidérées : il guette le cœur qui s’ouvre à lui (Ps 51,19), l’obole de la veuve (Mc 12,43), la prière du publicain (Luc 18,9).

Cette cascade de solennités liturgiques depuis plusieurs semaines nous ont portés vers de hauts sommets. Pâques, puis l’Ascension, Pentecôte et Trinité, avec maintenant cette solennité de la Fête-Dieu.

Le Credo place sur nos lèvres chaque dimanche que « le Christ est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant ». D’où cette légitime envie de le voir siéger sur un trône somptueux. Et, pour une imagination  enfantine, la satisfaction de se représenter un Dieu partant comme sur une fusée pour traverser des immensités, puis siégeant sur tout l’univers, le plus majestueusement possible.

Mais le docte et brillant dominicain St Thomas d’Aquin nous a déjà mis sur la bonne voie, dans sa somme théologique : « si le trône de notre Dieu est dans le ciel, c’est pour contenir le ciel ».

Comme nous sommes faits à l’image de Dieu, nous pouvons approcher de cette mystérieuse réalité dans notre propre prière. Il nous arrive certainement de dire que « nous prions pour toute une famille, une communauté, ou même un pays ». Comment imaginer tant de personnes, chacune avec sa propre vie, dans ces dizaines d’années de bonheur et de tristesse, trouvant une place durable et adaptée dans ces quelques mots balbutiés, dans ces quelques minutes accordées à Dieu ?

C’est pourtant bien ce que fête l’Eglise aujourd’hui : ce miracle permanent de la présence de Dieu au tabernacle, et donné pour le monde entier, offert à chaque eucharistie, aimant aussi partir à la rencontre des cœurs ouverts. Comme celui de ce paysan madré qui expliquait simplement  au curé d’Ars ce qu’il faisait dans l’église, devant le corps du Christ dans l’ostensoir : «  je l’avise, et il m’avise ».

A.B.+

Feuille de quinzaine n°493

Du dimanche 28 mai au dimanche 11 juin 2023

Il y a cent ans, l’Église célébrait la béatification de Thérèse de Lisieux. Ces quelques lignes écrites par Anne Sophie Constant peuvent nous aider à mieux comprendre le chemin de celle que l’Église, par la suite, a déclaré docteur de l’Église.

RECONNAISSANCE

Thérèse de Lisieux supportait, dit-on, sans réagir aucunement, les fortes giclées d’eau sale que projetait sur elle la sœur qui travaillait à ses côtés au lavoir. L’histoire, racontée à l’appui de la réputation de sainteté de Thérèse, m’a très longtemps interloquée. Qu’y avait-il de juste, de charitable ou de saint à ne pas réagir ? À laisser faire, lessive après lessive, cette sœur indélicate, peut-être inconsciemment ? N’y aurait-il pas eu plus de vertu chrétienne à lui dire qu’elle faisait du tort à son prochain en agissant de la sorte et à l’aider ainsi à se corriger ? Je me posais souvent la question. Un jour, un prêtre à qui, parlant de mon incompréhension, j’expliquais que moi j’aurais agi différemment, me répondit : « Et  bien ça prouve que vous n’êtes pas sainte Thérèse ! »

Une évidence ? Sans doute ! Une boutade ? Peut-être ! Une réponse à ma question ? Non ! Mais la phrase trottait dans ma tête. Je pensais raisonner juste mais manifestement Thérèse ne raisonnait pas comme moi. Pourquoi laissait-elle faire, sans se défendre, ce qui était en toute objectivité quelque chose de mal ? Et puis, un jour, il m’a semblé comprendre qu’en fait l’histoire ne se jouait pas seulement entre Thérèse et cette sœur mais avec toute la communauté. Les autres sœurs au lavoir voyaient que Thérèse était régulièrement aspergée d’eau sale puisqu’elles l’avaient rapporté ensuite. Elles auraient dû réagir, « être le gardien de leur frère », de leur sœur en l’occurrence. Thérèse, en ne réclamant pas son dû, agissait en droite ligne de l’évangile, comme celui à qui on vole son manteau et qui donne sa tunique, mais les sœurs, elles, avaient oublié que le sort du pauvre, de l’humilié était entre leurs mains et que ce même évangile leur demandait d’accomplir toute justice.

L’histoire m’est revenue en mémoire lors d’une récente réunion paroissiale. On y parlait de reconnaissance, ou plutôt, du manque de reconnaissance fréquent dans l’Église comme ailleurs. Que la reconnaissance soit un besoin est une évidence.  Mais l’évangile ne dit-il pas que celui qui veut suivre le Christ, être disciple, doit « se renier lui-même », apprendre à se dépouiller, comme Lui « qui n’a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu », du souci de soi pour se consacrer à sa mission, sans en attendre ni reconnaissance ni honneur ? Oui. Mais se dégager du souci de soi ne dégage pas du souci des autres. Au contraire. C’est parce qu’on ne se soucie plus de soi qu’on peut se soucier des autres. Cette reconnaissance que nous ne demandons pas pour nous-mêmes nous avons le devoir de la manifester aux autres qui ont le même devoir à notre endroit. Celui qui, comme Thérèse, ne se défend pas lui-même se confie de fait aux autres du soin de le défendre et se charge de la défense d’autrui.

Anne-Sophie Constant                   Église d’Evreux n°124

Feuille de quinzaine n° 492

Du dimanche 14 mai au dimanche 28 mai 2023

La vocation : grâce et mission

« Aider les membres du Peuple de Dieu, personnellement et en communauté, à répondre à l’appel et à la mission que le Seigneur confie à chacun dans le monde d’aujourd’hui, avec ses blessures et ses espoirs, ses défis, ses succès », telle est la visée de la journée mondiale de prière pour les vocations.

Ce samedi 13 mai, deux femmes, Anne-Geneviève avocate directrice générale d’Anuncio et Patricia intendante dans un établissement scolaire catholique, sont consacrées dans l’Ordo Virginum par notre Archevêque de Paris dans le diocèse de Paris. Appelées par le Seigneur par grâce et non parce qu’elles sont plus méritoires que d’autres, par leur engagement définitif dans le célibat et la vie de prière, les personnes consacrées signifient l’image de l’Eglise Epouse du Christ, elles sont signe de l’amour de l’Eglise pour le Christ. En réponse à cet appel, par leur « Oui », non pas parce que cette voie serait plus parfaite, elles participent en vivant dans le monde à l’annonce du royaume déjà présent et des noces éternelles à venir.

Dans l’Église (Ekklesía, terme grec qui signifie : assemblée de personnes appelées, convoquées), nous sommes tous des serviteurs et des servantes, selon des vocations, des charismes et des ministères différents. La vocation au don de soi dans l’amour, commune à tous, se déploie et se concrétise dans tous les états de vie :

-laïcs chrétiens, hommes et femmes, engagés dans la construction de la famille et le renouvellement des différents milieux de la société ;

-personnes consacrées, religieux et religieuses, témoignant de la prophétie du Royaume de Dieu, par les services ecclésiaux et sociétaux ;

-prêtres au service de la Parole, de la prière et de la communion, pasteurs pour guider et conduire le Peuple de Dieu, pour le nourrir et le guérir.

Chaque vocation spécifique dans l’Église ne se révèle pleinement avec sa vérité et sa richesse propres, que dans la relation avec toutes les autres. « Que chacun soit ce qu’il est », titre du nouvel ouvrage de Gilles François et Bernard Pitaud : Prêtres et laïcs selon Madeleine Delbrêl.

Rendons grâce pour la fidélité de chacune et chacun des membres de notre communauté dans son état de vie, ses engagements et services dans l’Eglise et dans le monde.

Toutes les vocations sont unies et distinctes dans l’Eglise et ensemble vont « en sortie » pour rayonner dans le monde, la vie nouvelle du Royaume de Dieu. L’Église forme la communauté des disciples missionnaires de Jésus-Christ, engagés à vivre son amour entre eux et à le répandre autour d’eux pour faire advenir le Royaume de Dieu.

Par le don de l’Esprit Saint, qui va se manifester à nouveau à la fête de la Pentecôte, que nous marchions ensemble dans notre communauté paroissiale sur la voie tracée par Sainte Thérèse de Lisieux (en cette année de double jubilé des 150 ans de sa naissance et 100 ans de sa béatification) : « Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour ».

Confions-nous les uns et les autres à la Vierge Marie durant ce mois de mai pour que chacune et chacun soit dans son milieu de vie « sel de la terre« , « lumière du monde » (Mt 5, 13).

Christelle SIMON, vice-présidente du conseil pastoral

Feuille de quinzaine n°491

Du dimanche 30 avril au dimanche 14 mai 2023

L’eucharistie ou comment nous sommes nourris par le Christ

L’eucharistie reste une source de découvertes, c’est ce que nous avons expérimenté cette année avec le groupe qui s’est réuni cinq fois sur ce thème, depuis octobre dernier.

Rappelons tout d’abord qu’à côté de la table eucharistique se tient la table de la Parole : les textes du jour sont déjà une nourriture : chacun est appelé à en « mastiquer les mots » afin de s’en imprégner profondément ; c’est ce que nous faisons chaque dimanche à quelques-uns, le dimanche matin avant la messe, et aussi chaque dimanche communautaire, en petits groupes de partage après la lecture de l’Evangile.

Nous avons travaillé sur le « Je crois en Dieu », en particulier sur la nouvelle formulation adoptée par l’Eglise : Jésus est « consubstantiel » au Père ; comment comprendre ce terme inhabituel ? Issu du grec, il explicite le lien qui existe entre le Père et le Fils quand nous affirmons que le Fils a été « engendré, non pas créé » : le Christ est de la même substance, de la même essence, que le Père, il participe à l’être du Père.

Dans une autre rencontre, nous avons abordé la liturgie eucharistique, ponctuées à deux reprises par un appel à l’ Esprit-Saint, une « épiclèse » qui en grec signifie « appeler sur » :

  • Lors du premier appel, le prêtre demande à Dieu de sanctifier les offrandes apportées à l’autel en répandant son Esprit afin qu’elles deviennent le Corps et le Sang de Jésus, livré pour nous ; c’est ce que nous avons pu médité lors du Jeudi Saint ; Isaïe met ces paroles dans la bouche du Serviteur : « je ne me suis pas dérobé, je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats » (Is 50, 5-6) ;
  • Après avoir fait mémoire de la mort et de la résurrection du Christ vient le second appel : le prêtre demande qu’ « en ayant part au Corps et au Sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit-Saint en un seul corps », tous unis au Corps du Christ.

Lors de la communion, nous recevons le Corps du Christ en nourriture, et nous sommes invités à rendre grâces pour le don qu’Il nous fait ; mais si nous le recevons, c’est aussi et surtout pour que nous fassions corps avec Lui : « devenez ce que vous recevez », comme l’a affirmé Saint Augustin, devenez le Corps du Christ, laissez-vous transformer par Lui ; de même qu’Il s’est livré par amour pour les êtres humains, de même nous sommes appelés à nous donner aux autres, à nous déposséder de nous-mêmes, à offrir nos propres corps, nos propres forces pour porter la bonne nouvelle.

Enfin, ayant reçu les uns des autres la paix qui vient du Christ, nous sommes invités à nous considérer  comme faisant tous partie d’un même Corps, celui de l’Eglise.

Puissions-nous tous renouveler notre compréhension de l’Eucharistie ! Une dernière réunion aura lieu le samedi 3 juin à 14h30, à laquelle nous tous paroissiens de Saint-Leu sommes conviés : nous lirons le chapitre 6 de l’Evangile de Jean sur le discours du Pain de Vie et partagerons nos réflexions.

Benoît Rupied

Feuille de quinzaine n° 490

Du dimanche 16 avril au dimanche 30 avril

Heureux ceux qui croient sans avoir vu…

« …Si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas. »

Merci, Thomas, pour ton doute. Toi, l’un des disciples, toi qui as suivi Jésus pendant trois ans, toi qui es chargé, avec tes frères, disciples comme toi, de porter l’Evangile au monde entier, tu doutes ! Ton amour pour Jésus, ta confiance en lui, ont été trop blessés pour que tu puisses prendre un nouveau risque. Oh ! Combien ce doute nous rejoint, combien nous nous sentons frères en humanité avec toi ! Mais dans sa Miséricorde, Jésus, par ses blessures, vient guérir ta blessure, vient guérir la nôtre, vient changer notre regard humain en un regard de foi. Il a gardé ses cicatrices pour nous prouver que le Ressuscité reste bien Celui que les disciples ont connu, qu’Il est bien Homme ET Dieu, et non pas un ‘extra-terrestre’.

L’évangile ne nous dit pas que Thomas a touché les plaies de Jésus (seule, l’iconographie le fait), mais que la Parole le fait, nous fait passer de l’ordre humain à l’ordre divin, à l’ordre de la Foi.

Ce chemin de Vie, de Joie profonde,  est aussi le nôtre, comme nous le confirme Saint Pierre dans la deuxième lecture de ce jour :

« Lui, vous l’aimez sans l’avoir vu; en lui, sans le voir encore, vous mettez votre Foi, vous exultez d’une Joie inexprimable… »

Que cette JOIE de la FOI nous accompagne tout au long de ce temps pascal.

Sœur Anne

Feuille de quinzaine n° 489

Du dimanche 2 avril au dimanche 16 avril 2023

« Rameaux en main, participer à la joie du Ressuscité. »

La Pâque est toujours précédée de la semaine sainte mais cela ne nous empêche pas de penser que chaque moment de l’existence est précieux. Et même marque cette présence du Christ ressuscité parmi nous, d’après ce que le Pape François a dit que « chaque jour nous nous émerveillons devant l’œuvre de Dieu et nous avons une occasion pour faire le bien. »

Allons donc à la rencontre du Christ avec l’humilité du cœur et la droiture de l’esprit (Saint André de Crète), avec cette foule qui tenait à la main des rameaux, pour acclamer ensemble : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »

 Car la lumière de la vie nous y attend, cette lumière qui éclaire tout être humain. Ainsi nous devons nous réjouir de ce don du ciel, « lumière d’en haut qui vient visiter la terre », (Benedictus) qui nous fait vaincre aussi l’obscurité dans nos vies. Et pendant le temps pascal Dieu renouvelle ce don gratuit : la vie éternelle donnée par la Résurrection de Jésus.

C’est une grande joie pour nous, une joie qui fait bondir, qui pousse à crier, même dans les moments difficiles, qui fait chanter tout le monde : « comment ne pas te louer Seigneur car ta joie m’accompagne tous les jours. » C’est une joie pour toute la terre. Une seule force vitale anime tout ce qui vit sur la terre car l’Auteur de la vie a vaincu les ténèbres. 

Et du coup, un beau sourire décore le visage humain, et même avec un petit regard on peut transmettre la paix. Louis Fortin disait : « Lorsqu’on jette un petit rayon de bonheur dans la vie d’autrui, l’éclat finit toujours par rejaillir sur soi. »

Désormais, c’est à nous de répandre autour de nous cette lumière du Christ. On dit souvent quand « il y a du soleil dans le cœur, il fait beau partout ailleurs ». Alors, tous ceux qui se laissent guider par la vraie Lumière rayonnent dans leurs vies l’éclat de la beauté, comme ces oiseaux qui chantent le matin ou certaines branches qui fleurissent en ce moment.

L’Alléluia, nous le chantons tout au long de notre parcours terrestre. Cet Alléluia des gens heureux, l’Alléluia des gens victorieux, l’Alléluia des gens qui osent prendre une décision dans la vie comme l’arbre qui change ses feuilles et non ses racines, disait Victor HUGO.

Alléluia dès maintenant jusqu’au paradis.

Bon cheminement avec le Ressuscité.

Fr Odon o.ss.t 

Feuille de quinzaine n°488

Du dimanche 19 mars au dimanche 2 avril

Dieu voit …

Dans le récit de l’onction de David que nous lisons en ce quatrième dimanche de carême, il est, à deux reprises, question du regard de Dieu, ; « j’ai vu parmi ses fils mon roi » (1er Samuel 16,2) et, lorsque les fils de Jessé sont présentés à Samuel, « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur » (16,7). Déjà à Moïse (Ex. 3,7), le Seigneur disait : « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte et j’ai entendu ses cris… ».

Dans l’évangile, le regard de Jésus est ce même regard de Dieu qui voit notre misère : « En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance… » (Jn 9,1), regard révélé tout au long des évangiles. Il n’est pas lieu ici de citer tous les versets où il est question de ce regard de Jésus ; il est bon de faire une lecture des évangiles à partir de ce regard de Jésus, regard de bienveillance qui donne confiance (Mt 9,2) regard de compassion (Mt 9,2 ;9,22 ; 9,36…), de délivrance et de guérison (Lc 13,12…) , de résurrection (évangile de la 5ème semaine de carême). Jésus, le Fils du Père, révélateur de son amour, porte sur chacun de ceux qu’il rencontre ce regard qui ne juge pas, mais appelle à la conversion, au non-jugement, à la compassion, à la mission, à l’intercession.

Jésus est le même aujourd’hui et nous invite à quitter nos aveuglements, à nous laisser transformer par ce regard de Dieu qui voit notre monde avec amour et compassion. Qu’il nous donne, comme à l’aveugle de l’évangile, de confesser notre foi devant la question de Jésus : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »

 Dans ce regard de compassion de notre Père pour notre monde, chantons : « Comme l’aveugle, je viens vers Toi, Seigneur, repentant et criant dans une joie sans fin : Gloire à Toi, Lumière qui illumine notre nuit ! »

 « Je crois Seigneur »

                                             Sr HuDo o.p.

Feuille de quinzaine n°487

Du dimanche 5 mars au dimanche 19 mars 2023

En nous visitant il y a quelques jours, notre Archevêque nous parlait d’un chemin à suivre.

C’était à propos de cette invitation de saint Matthieu : «  Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48).

Plus qu’une affirmation de complète maturité, la Bible et la Tradition de toute l’Eglise nous éclairent sur la nature de ce chemin : un chemin de sainteté.

Notre Archevêque citait le Pape François : «  Dieu nous veut positifs, reconnaissants, et pas trop compliqués ».  Voilà cette sainteté  « de la porte à côté », c’est-à-dire celle qui est accessible, et qui se reconnait facilement chez telle ou telle personne de notre entourage, physique ou spirituel.

 Et cela est particulièrement vrai en ce temps du Carême, qui nous aide, par l’aumône, la prière et le jeûne, à être « positifs, reconnaissants, et pas trop compliqués » ! 

Ce dimanche de la Transfiguration est comme un « coup de projecteur » sur le grand bonheur qui nous attend. Mais quel paradoxe ! Jésus vient d’annoncer à ses disciples qu’il monte à Jérusalem pour y souffrir jusqu’à la mort, et sa gloire se manifeste, grandiose et rayonnante, sur ce visage aimé du Père. Jésus est entouré de Moïse et d’Elie, personnalisant à eux seuls la Loi et les prophètes, c’est-à-dire tout le 1er Testament. L’Esprit Saint  introduit les disciples dans cette lumineuse expérience : «  Celui-ci est mon Fils bien  aimé, en qui j’ai mis tout mon amour, écoutez le ». Si la peur les paralyse, c’est au contact du Christ que ses disciples vont retrouver la confiance.

Puissions-nous, dans ces semaines de Carême, en intensifiant les contacts avec le Christ, dans la prière, l’étude biblique, la vie sacramentelle,   avancer sur un chemin de confiance en Dieu, et d’attentions envers ceux qui nous entourent. 

A.B.+

Feuille de quinzaine n°486

Du dimanche 19 janvier au dimanche 5 mars

En pèlerinage vers Pâques

Dernier dimanche avant l’entrée en Carême ! L’évangile de ce jour ne nous ouvrirait-il pas le chemin d’un pèlerinage pour rejoindre la Pâque du Christ ou plutôt nous laisser rejoindre par elle ?  Face aux préceptes de la loi de Moïse, Jésus pose sa propre parole : « il vous a été dit… Eh ! bien moi je vous dis…». Loin d’entrer dans un affrontement, Jésus ouvre une voie toute nouvelle, celle de l’accomplissement : « je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » Accomplissement qu’il réalisera en plénitude sur la Croix, plénitude d’un Amour vécu jusqu’à l’extrême : « Tout est accompli ».

A ses disciples, Jésus va demander d’aller plus loin, infiniment au-delà d’une observance plus ou moins légaliste de la Loi. Véritable passage à effectuer, sollicitation offerte à leurs libertés. Il ne s’agit plus de se contenter de ne pas faire, mais d’initier des comportements véritablement inouïs, ceux de la Loi nouvelle.

« Œil pour œil, dent pour dent… », adage juridique canalisant la vengeance, le châtiment restant proportionné à l’offense. Aller au-delà, cela va être de « ne pas riposter », de ne pas rendre le mal pour le mal, de renoncer à une réparation légitime. Et dans cette même dynamique, « tendre l’autre joue », loin d’être une provocation adressée à l’offenseur (ce qui d’ailleurs serait risquer de recevoir une deuxième gifle !), c’est présenter la joue qui ne porte pas la marque de l’offense. Ne serait-ce pas inviter l’agresseur à une relation nouvelle, en renonçant là encore à son bon droit ? A celui qui le gifle lors de sa Passion, Jésus pose cette seule question « pourquoi … ? », question ouverte offrant à cet homme de faire libre retour sur lui-même et sur les raisons de son acte.

Chacune des injonctions ouvre un chemin invitant à dépasser toute haine, tout calcul mesquin et à sortir de la logique du coup pour coup, du donnant-donnant, pour découvrir, pas à pas, que « la mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure. » Saint Augustin

La barre n’est-elle pas vraiment trop haute ? Aimer ses ennemis est contre nature ! Pourquoi de tels renoncements ? La visée en est donnée : « afin d’être parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Être parfait comme le Père est évidemment impossible à l’homme livré à ses seules forces ! mais avec la grâce de Dieu, l’impossible devient chemin à parcourir pas à pas.

Quarante jours, temps d’une gestation, nous sont donnés pour marcher sur ce chemin, avec Jésus montant vers sa Pâque, non en nous crispant sur un idéal, ou un perfectionnisme fantasmé, mais pour aller humblement à la source de l’Amour, Amour offert inconditionnellement à nos libertés. Carême, temps donné pour contempler de quel amour nous sommes aimés, temps pour nous laisser réajuster au désir du Père et nous faire proches de nos frères connus ou inconnus.

Alors les yeux fixés sur Jésus, entrons avec lui dans le combat de Dieu !

Colette Fleury