Votez pour aider Saint Leu !

Budget participatif de la Ville de Paris 

Du 7 au 26 septembre

Deux projets de la paroisse Saint Leu ont été retenus au Budget Participatif de la Ville de Paris :

Votez ! avec un coup de coeur !!

Et faites voter votre entourage !!!

« Restauration de l’église Saint Leu Saint Gilles« 

https://decider.paris.fr/bp/jsp/site/Portal.jsp?page=solrProjectSearch&view=consult_project&document_id=11248&portlet_id=158

et

 « Sauvons les chapelles Baltard de l’église Saint Leu Saint Gilles« 

https://decider.paris.fr/bp/jsp/site/Portal.jsp?page=solrProjectSearch&view=consult_project&document_id=11018&portlet_id=158

Il nous faut 1500 votes !

Les réunir pour un homme seul, ce serait énorme. Mais tous ensemble, nous pouvons y arriver !

Comment voter ?

En ligne, grâce aux liens ci-dessus.

En vous déplaçant : de nombreuses urnes sont disposées dans Paris. (Il y en notamment une dans chaque Mairie, mais dans d’autres lieux aussi)

Vous trouverez leurs emplacements et les horaires d’ouverture sur le site du Budget Participatif :

https://www.paris.fr/pages/budget-participatif-c-est-l-heure-de-voter-24049

A noter : une urne viendra devant la paroisse le vendredi 22 septembre, entre 17h30 et 20h30

En savoir plus sur les projets :

La réfection des 3 Chapelles Baltard : la chapelle de la Vierge (aussi appelée salle Saint Leu), la chapelle des Morts de la rue et la chapelle des Chevaliers de l’Ordre du Saint Sépulcre 

La voûte spectaculaire de la salle Saint Leu est le seul témoin restant au centre de Paris des pavillons Baltard. Aujourd’hui, elle a besoin d’être protégée : sa toiture présente un état de dégradation avancé, et les plafonds s’abiment en raison des infiltrations d’eau.

La petite chapelle du Sacré Cœur (à gauche du chœur) commémore le souvenir des Morts de la rue. Vous pouvez constatez par vous même que le salpêtre fait lentement disparaitre les peintures qui ornent sa voûte. Sans une réfection urgente, celles-ci seront définitivement perdues.

La rénovation de la façade de l’église 

La rénovation de la façade est attendue depuis 1995. Elle est urgente et nécessaire pour arrêter les infiltrations d’eau qui mettent en danger les orgues de l’église. Ces orgues, petites mais d’une manufacture prestigieuse, attendent la rénovation de la façade pour pouvoir elles-mêmes être restaurées.  

Homélie de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris

Dimanche 19 février 2023 – 7e Dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Messe à Saint-Leu – Saint-Gilles (1er)

– Lv 19,1-2.17-18 ; Ps 102, 1-4.8.10.12-13 ; 1 Co 3,16-23 ; Mt 5,38-48

D’après transcription

Voilà, nous entendons aujourd’hui cette double injonction, qu’elle soit dans l’évangile de saint Matthieu, ou dans le Livre du Lévitique, en première lecture : « Vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » – c’est dans l’évangile – et dans le Livre du Lévitique : « Soyez saints car moi je suis saint », dit Dieu. Cette double injonction elle nous réveille ce matin, nous ouvre le cœur certainement et nous invite à une conversion profonde. Mais il ne faut pas trop se méprendre sur le sens de ce qu’elle signifie.

Dans le Livre des Lévites, nous voyons que Moïse, au nom de Dieu, s’adresse au peuple et il tutoie, comme Dieu est capable de tutoyer, non seulement chacun de ceux qui écoutent Moïse, mais comme le peuple tout entier. Et donc cette invitation à être saint, c’est une invitation qui s’adresse au Peuple de Dieu, au peuple tout entier, et c’est important de penser à cela. Parce que l’invitation à être saint n’est pas simplement une invitation à être individuellement saint mais à être ensemble un peuple capable de signifier la sainteté de Dieu.

Nous savons bien que Dieu seul est saint, et nous sommes invités à être saints par ressemblance avec Lui, par capacité d’accepter sa sainteté à Lui comme une sainteté qui nous attire. Nous sommes saints par participation à la sainteté de Dieu, par réponse à l’appel qu’il nous adresse à devenir comme Lui. Ce qui est évidemment magnifique, c’est que Dieu nous dise : vous êtes faits pour devenir comme moi, à mon image. Cela nous laisse, bien sûr, le temps du cheminement vers l’accomplissement.

Dans l’évangile de ce matin, dans le passage de l’évangile de saint Matthieu, nous lisons : « vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Ce mot de parfait peut nous entraîner, nous gêner, nous embarrasser même. En effet, dans le grec il y a ce mot « parfait », teleios, cela veut dire « accompli » ; celui à qui il ne manque rien ; celui qui est parvenu à maturité. Qui d’entre nous peut dire qu’il est parvenu à maturité ? Qui d’entre nous peut dire qu’il est quelqu’un à qui il ne manque rien pour être juste et droit, et parfait et ressemblant à Dieu ? Nous comprenons qu’il s’agit davantage d’un chemin. Et ce chemin passe par des circonstances concrètes. Jésus, pas tout à fait de la même façon que Moïse dans le livre des Lévites, tutoie aussi ceux à qui il s’adresse. Il leur dit : vous serez parfaits, mais, toi, n’oublie pas ceci : quand quelqu’un te gifle, quand quelqu’un veut te faire un procès, quand quelqu’un te demande d’aller avec lui quelque part, quand quelqu’un te demande quelque chose… Voilà ce qui est le signe, Jésus dit : la sainteté, la perfection à laquelle vous êtes invités est une sainteté, une perfection qui s’applique à chacun d’entre vous dans les situations les plus concrètes de l’existence. Il en prend quatre, un peu au hasard. Ce qui veut dire que nous ne cherchons pas simplement à imiter Jésus sur ces quatre points, mais nous savons que c’est dans les circonstances concrètes de notre existence que cela se passe.

Par exemple, bien sûr, celui qui reçoit une gifle a plutôt tendance à vouloir la rendre ! Et, ce faisant, il augmente la pression. Celui qui est capable de résister et de faire baisser la tension, la pression et la violence, celui-là, on se dit : il est vraiment très fort et peut-être plus fort que celui qui l’a giflé, plus fort parce qu’il a réussi à faire baisser la tension et à introduire la paix. C’est très beau, mais nous sentons bien que c’est un chemin et que cela ne se fait pas du jour au lendemain d’arriver à cela.

On raconte que saint Vincent de Paul a été interpellé par une riche héritière qui voulait qu’il vienne à son secours pour le procès qu’elle entendait mener contre quelqu’un qui voulait la dépouiller, probablement, et saint Vincent de Paul aurait répondu : madame, mon maître Jésus-Christ n’a eu qu’un procès dans sa vie et il l’a perdu. Bien sûr, cela nous ouvre une perspective qui est celle que la sainteté, celle de saint Vincent de Paul est indéniable, et remplie d’humour ! La sainteté est capable d’avoir un peu de distance avec soi-même ; la sainteté est capable de discerner, dans les situations, que nous ne sommes pas arrivés au bout du chemin. On imagine que cette personne, à qui saint Vincent de Paul a répondu, il lui a fallu du temps pour digérer, d’une certaine façon, cette boutade pourtant sérieuse de saint Vincent. Il lui a fallu du temps, peut-être a-t-elle entendu un jour qu’il y avait là une belle vérité, quelque chose à retenir pour elle-même ?

Donc cela s’applique aussi bien au peuple tout entier, c’est-à-dire à nos communautés chrétiennes, à nos relations dans la vie sociale avec les autres, dans la vie familiale ; et puis cela s’applique à chacun dans son cheminement vers la sainteté que Dieu nous donne. Le pape François a écrit, il y a tout juste cinq ans pour la fête de saint Joseph, le 19 mars 2018, une belle exhortation sur la sainteté, sous le titre Gaudete et exultate : Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse à cause de l’appel que vous avez reçu, à devenir saints comme le Père céleste est saint. Et parmi ces considérations du pape sur la sainteté, vous vous souvenez peut-être de cette formule : il cite « la sainteté de la porte d’à côté. » Cela veut dire la sainteté qu’on voit chez nos voisins, on est capable de la voir chez telle ou telle personne dont on sent qu’elle est animée du désir de ressembler à Dieu et de marcher sur le chemin de Jésus.

Il dit d’une part : « Dieu nous veut positifs, reconnaissants et pas trop compliqués. » Et c’est cela ce chemin de sainteté. Etre capable de reconnaître que tout vient de Lui, et que si nous sommes capables de changer c’est sous l’effet de sa bonté, sous l’effet de l’Esprit transformateur qu’il met en nous. Il dit ailleurs : « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit, dans un cheminement de sainteté. » C’est un programme qui s’applique à toutes nos vies personnelles, à toutes nos vies de communauté, à toutes nos vies sociales, et, je l’espère, à la vie du monde tout entier qui cherche, je le crois, la paix, l’unité, et quelque chose qui ressemble à l’amour que Dieu est capable de donner à chacun.

L’évangéliste saint Matthieu dit : « Soyez parfaits. » L’évangéliste saint Marc n’utilise pas du tout cet épisode de l’Evangile ni cette phrase. Et l’évangélise saint Luc, dans le passage correspondant à celui-ci dit : « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. »

Je crois que c’est le chemin sur lequel nous essayons d’avancer les uns et les autres. Que Dieu nous en donne la grâce.

Feuille de quinzaine n° 495

Du dimanche 25 juin au dimanche 3 septembre 2023

« Reposez en paix ! »

Cette invitation, presque une bénédiction, vous parait elle un peu morbide ? Elle pourrait s’apparenter à ce que nous entendons si souvent au moment des obsèques….

Mais ce repos est pourtant nécessaire pour que notre organisme reste bien vivant ! La période estivale est propice au calme, à la tranquillité, au changement de rythme, et il n’est pas certain que la multiplication des activités et des déplacements nous fasse bénéficier d’une grande paix intérieure.

La tradition biblique reconnait l’alternance, inhérente à notre nature, d’une frénésie d’activités humaines et du sens du vrai repos en Dieu. Plus qu’une cessation de toute activité, il s’agit d’une remise, entre les mains du Seigneur,  de ce que nous faisons.

Israël a dû sanctifier le sabbat : «  Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier » (Exode 20, 8). Et ce sens est à double portée : le rappel  que ce peuple  a été libéré de l’esclavage (« Dieu t’a libéré, il t’a fait sortir de la servitude par un bras vigoureux » (Deutéronome 5,15), et qu’il peut maintenant participer pleinement au repos de Dieu, le 7eme jour de la création (« Dieu bénit le 7eme jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création » (Genèse 2,3).

Voilà une alliance que Dieu confie à son peuple : « ce peuple gardera le sabbat, en l’observant dans les générations, c’est une alliance éternelle » (Exode 31,17).

Ne vous imaginez pas un repos restrictif et triste : la joie et l’abondance y sont au rendez vous ! : «  Si tu observes le sabbat, tu trouveras tes délices dans le Seigneur, je te conduirai en triomphe sur les hauteurs de Sion, je te nourrirai de l‘héritage de ton père Jacob » (Isaïe, 58, 13).

Avec les psaumes, nous en recevons une description plus précise encore : « Dieu a fait choix de Sion : c’est ici mon repos à tout jamais. Sa nourriture, je la bénirai de bénédictions, ses pauvres je les rassasierai de pain ; ses prêtres, je les vêtirai de salut, et ses fidèles jubileront de joie. Ses ennemis je les vêtirai de honte, mais sur Sion fleurira un diadème ». (Ps 132).

Si Jésus nous dit que son Père et lui travaillent sans cesse (« mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’oeuvre moi aussi » (Jean 5,17), ce n’est pas pour entrer en contradiction avec le 1er Testament, mais pour nous faire comprendre que l’activité créatrice de Dieu est maintenant relayée par la miséricorde de son Jugement, bien à l’œuvre dans ce monde. Le livre du Siracide (ou Ecclésiastique) nous y avait déjà préparés : « En Sion, je me suis établie, dit la Sagesse, dans la cité bien aimée j’ai trouvé mon repos, en Jérusalem j’exerce mon pouvoir » (Siracide 24,11).

Avec le livre de l’Apocalypse, qui clôt la Bible et lui en donne son sens plénier, nous entendons que les Vivants ne cessent de répéter, jour et nuit, la louange du Dieu trois fois saint (Ap 4,8).

Bon et nourrissant repos à tous les amis de Saint Leu, et belle prière de louange !

A.B.+

« Portes ouvertes » à Saint Leu !

Pour donner aux habitants du quartier la possibilité de découvrir, ou de redécouvrir, la belle église Saint-Leu et ses multiples activités culturelles, cultuelles et solidaires, la paroisse propose deux moments de rencontre « Portes ouvertes » :

le dimanche 1er octobre 2023 de 15h à 17h

ou

le mercredi 4 octobre 2023 de 19h30 à 21h30

Venez découvrir notre église !

Inscrivez vous !

Feuille de quinzaine n°494

Du dimanche 11 juin au dimanche 25 juin 2023

« Mais où est passé Jésus ? »

A cette candide question d’un petit enfant, qu’auriez vous répondu ?

Comme je lui expliquais, aussi patiemment que je pouvais, que Jésus était présent dans le tabernacle, l’enfant me dit, avec déception : « mais elle est toute petite la maison de Jésus ! ». Visiblement, il lui fallait un immense palais, à la mesure d’un Dieu aussi grand.

« Il dort là Jésus » ? Puis, cette affirmation : « on me dit toujours de ne pas faire de bruit dans l’église, comme quand mon papy fait la sieste. ». « Et mon autre papy, il dort pour toujours, parce qu’il était très fatigué ». Devant mon affirmation que Dieu ne dormait pas, cette remarque : « Si Jésus ne dort pas dans le tabernacle, c’est qu’il n’est pas fatigué ! ». 

Les remarques enfantines font sourire, mais ne cachent-elles pas souvent une part de désarmante vérité ?

Si le Seigneur veille dans le tabernacle, il n’est pas fatigué : ni de nos rebuffades, ni de nos absences, ni de nos prières rabâchées ou de nos demandes inconsidérées : il guette le cœur qui s’ouvre à lui (Ps 51,19), l’obole de la veuve (Mc 12,43), la prière du publicain (Luc 18,9).

Cette cascade de solennités liturgiques depuis plusieurs semaines nous ont portés vers de hauts sommets. Pâques, puis l’Ascension, Pentecôte et Trinité, avec maintenant cette solennité de la Fête-Dieu.

Le Credo place sur nos lèvres chaque dimanche que « le Christ est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant ». D’où cette légitime envie de le voir siéger sur un trône somptueux. Et, pour une imagination  enfantine, la satisfaction de se représenter un Dieu partant comme sur une fusée pour traverser des immensités, puis siégeant sur tout l’univers, le plus majestueusement possible.

Mais le docte et brillant dominicain St Thomas d’Aquin nous a déjà mis sur la bonne voie, dans sa somme théologique : « si le trône de notre Dieu est dans le ciel, c’est pour contenir le ciel ».

Comme nous sommes faits à l’image de Dieu, nous pouvons approcher de cette mystérieuse réalité dans notre propre prière. Il nous arrive certainement de dire que « nous prions pour toute une famille, une communauté, ou même un pays ». Comment imaginer tant de personnes, chacune avec sa propre vie, dans ces dizaines d’années de bonheur et de tristesse, trouvant une place durable et adaptée dans ces quelques mots balbutiés, dans ces quelques minutes accordées à Dieu ?

C’est pourtant bien ce que fête l’Eglise aujourd’hui : ce miracle permanent de la présence de Dieu au tabernacle, et donné pour le monde entier, offert à chaque eucharistie, aimant aussi partir à la rencontre des cœurs ouverts. Comme celui de ce paysan madré qui expliquait simplement  au curé d’Ars ce qu’il faisait dans l’église, devant le corps du Christ dans l’ostensoir : «  je l’avise, et il m’avise ».

A.B.+

Sortie du livre « Célibataires, votre vie a un sens. De nouvelles perspectives en Eglise »

Le comité de pilotage de « Célibataire en Église » a la grande joie de vous annoncer la sortie en librairie ce mercredi 10 mai de « Célibataires, votre vie a un sens. De nouvelles perspectives en Église« , aux éditions Saint-Paul.

Comme vous le savez, la vente – et donc l’avenir – d’un livre se joue dans les 3 semaines qui suivent sa parution. Nous nous permettons donc de vous demander de parler autour de vous de cet ouvrage et d’aller rapidement l’acheter et/ou le commander afin qu’il reste visible en librairie au moins jusqu’aux vacances. 

Ce livre est très accessible : les chapitres sont indépendants les uns des autres, on peut les lire au gré de ses intérêts ; bien des auteurs font autorité dans leur domaine, mais les contenus sont restés volontairement simples. La grande originalité de ce livre vient de la variété des approches (historique, sociologique, psychologique, théologique…), mêlant expériences concrètes et éclairages pastoraux. En vous remerciant d’avance pour le soutien que vous apporterez à la diffusion de ce livre collectif, bien cordialement à vous ! 

« Célibataires en Église » 

Feuille de quinzaine n°493

Du dimanche 28 mai au dimanche 11 juin 2023

Il y a cent ans, l’Église célébrait la béatification de Thérèse de Lisieux. Ces quelques lignes écrites par Anne Sophie Constant peuvent nous aider à mieux comprendre le chemin de celle que l’Église, par la suite, a déclaré docteur de l’Église.

RECONNAISSANCE

Thérèse de Lisieux supportait, dit-on, sans réagir aucunement, les fortes giclées d’eau sale que projetait sur elle la sœur qui travaillait à ses côtés au lavoir. L’histoire, racontée à l’appui de la réputation de sainteté de Thérèse, m’a très longtemps interloquée. Qu’y avait-il de juste, de charitable ou de saint à ne pas réagir ? À laisser faire, lessive après lessive, cette sœur indélicate, peut-être inconsciemment ? N’y aurait-il pas eu plus de vertu chrétienne à lui dire qu’elle faisait du tort à son prochain en agissant de la sorte et à l’aider ainsi à se corriger ? Je me posais souvent la question. Un jour, un prêtre à qui, parlant de mon incompréhension, j’expliquais que moi j’aurais agi différemment, me répondit : « Et  bien ça prouve que vous n’êtes pas sainte Thérèse ! »

Une évidence ? Sans doute ! Une boutade ? Peut-être ! Une réponse à ma question ? Non ! Mais la phrase trottait dans ma tête. Je pensais raisonner juste mais manifestement Thérèse ne raisonnait pas comme moi. Pourquoi laissait-elle faire, sans se défendre, ce qui était en toute objectivité quelque chose de mal ? Et puis, un jour, il m’a semblé comprendre qu’en fait l’histoire ne se jouait pas seulement entre Thérèse et cette sœur mais avec toute la communauté. Les autres sœurs au lavoir voyaient que Thérèse était régulièrement aspergée d’eau sale puisqu’elles l’avaient rapporté ensuite. Elles auraient dû réagir, « être le gardien de leur frère », de leur sœur en l’occurrence. Thérèse, en ne réclamant pas son dû, agissait en droite ligne de l’évangile, comme celui à qui on vole son manteau et qui donne sa tunique, mais les sœurs, elles, avaient oublié que le sort du pauvre, de l’humilié était entre leurs mains et que ce même évangile leur demandait d’accomplir toute justice.

L’histoire m’est revenue en mémoire lors d’une récente réunion paroissiale. On y parlait de reconnaissance, ou plutôt, du manque de reconnaissance fréquent dans l’Église comme ailleurs. Que la reconnaissance soit un besoin est une évidence.  Mais l’évangile ne dit-il pas que celui qui veut suivre le Christ, être disciple, doit « se renier lui-même », apprendre à se dépouiller, comme Lui « qui n’a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu », du souci de soi pour se consacrer à sa mission, sans en attendre ni reconnaissance ni honneur ? Oui. Mais se dégager du souci de soi ne dégage pas du souci des autres. Au contraire. C’est parce qu’on ne se soucie plus de soi qu’on peut se soucier des autres. Cette reconnaissance que nous ne demandons pas pour nous-mêmes nous avons le devoir de la manifester aux autres qui ont le même devoir à notre endroit. Celui qui, comme Thérèse, ne se défend pas lui-même se confie de fait aux autres du soin de le défendre et se charge de la défense d’autrui.

Anne-Sophie Constant                   Église d’Evreux n°124