FIP 5 octobre 2025

« Cent sommeils » ou « Sans sommeil » ?

Trois lieux dans Saint-Eustache, quatre pantins et un titre mystérieux, « Cent sommeils », que l’on peut entendre autrement. L’oeuvre de la nouvelle lauréate du Prix Rubis Mécénat, destiné aux jeunes artistes des Beaux-Arts de Paris, tranche avec celles des années passées. L’artiste, née en 1999, porte un regard très personnel sur des espaces et les décors de l’église, elle interpelle les visiteurs et ceux qui la font vivre. Avec leurs noms inhabituels, ces pantins montrent/démontent leur corps. Ces attitudes étranges dans différents espaces, attirent aussi notre attention sur les visiteurs, les autres, et in fine sur nous-mêmes.

Teintées d’ironie et de fantastique, entre marionnettes et simulacres d’identité, ces figures trouvent leur origine dans les murs de l’église, dans sa décoration qui semble s’y être imprimée (bras colonnes, feuille d’acanthe sur l’épaule).
Liselor Perez témoigne du nouvel univers de l’art : l’hybride, le figuratif, la performance, a sculpture, l’installation, l’artisanat ou le geste prosaïque et visible de la couture. Tout est entremêlé.
Entre êtres et objets, ces marionnettes, figures ou vecteurs, sont fréquentes dans l’art contemporain. Avec ses mises en scène, Liselor s’inscrit dans la continuité de grands artistes. Elle joue avec son public. Veut-elle déceler la vulnérabilité ou l’intimité du corps qui se laisse aller, le nôtre ? A-t-elle supprimé tout mot pour exposer une part de silence en nous ? « Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas » dit le psaume 113 en dénonçant les idoles.
La manière d’assembler des morceaux de tissu pour en faire une peau ouvre à la réflexion : le tissu, parfois brodé, est un art de la tradition juive où la couture visible réassemble des choses séparées, de l’ordre du soin, de la réparation, du renouveau de la création.
« J’interdirai tout sommeil à mes yeux et tout répit à mes paupières, avant d’avoir trouvé un lieu pour le Seigneur » dit le psaume 131 pour dire la passion pour la demeure du Seigneur, une tente en tissu. Une prière, une quête ou un acte sans fin du croyant.
Une inspiration sans limite de l’artiste. Sans sommeil.


Michel Micheau, membre du Collège visuel de Saint-Eustache

FIP 28 septembre 2025

Tirer parti de la situation actuelle pour rendre celle-ci féconde

« C’est le chaos, on ne s’y retrouve plus dans cette paroisse ! » Comparé aux turpitudes du monde, ce qui arrive à Saint-Eustache et à Saint-Leu Saint-Gilles est peu de choses, mais quand on est directement concerné, on a tendance à en faire toute une affaire… quitte à minimiser ce qui arrive dans le monde et à ceux qui nous entourent. Le diocèse de Paris prépare les années à venir en tenant compte de la baisse des effectifs, du nombre des fidèles, du nombre des prêtres, et de la transformation de la société parisienne, un remue-méninges qui n’est pas près de se calmer, et il réorganise calmement la communauté parisienne. Communauté au sein de laquelle les différences, les difficultés et les manques de l’Eglise accentuent les risques d’une rupture de la communion.

Plutôt que de subir en râlant, prenons notre part dans ce processus, en étant réceptifs, compréhensifs et créatifs. Changer d’habitudes, on y survit si on est libre et inventif. Mais c’est aussi une occasion de faire pour nous-même, le point sur la manière dont nous avons organisé matériellement notre propre vie chrétienne jusqu’ici, et même un temps pour la réorganiser concrètement en fonction de ce que devient, au fil des ans, notre foi et notre engagement auprès de nos frères et soeurs. A chacun d’être animé par ses propres questions et ses convictions, ses certitudes et ses doutes. Un exercice qui à chaque fois me rappelle la formule de René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront ». Bref nous traversons ensemble une heure de vérité, faisons en sorte qu’elle soit la plus pacifiée possible, mais aussi la plus féconde. Prenons le temps d’accueillir ce qui nous éclaire et de témoigner humblement de cette mystérieuse présence en nous qui nous pousse à avancer au-delà de nous-mêmes. Prenons le temps de ressentir notre foi, tant dans ce que nous avons à quitter pour la faire grandir, que de ce que nous avons à acquérir pour la rendre plus vivante. Alors demain sera radieux.

Père Jacques Mérienne, vicaire à Saint-Eustache

FIP 21 septembre 2025

« Ni Dieu ni maître » !

La célèbre formule d’Auguste Blanqui date de plus d’un siècle. Il nous faut reconnaitre qu’elle est aujourd’hui reprise ou vécue, dans un sens parfois bien éloigné, par bon nombre de nos contemporains, qui désirent se libérer de la religion et des normes sociales qui en découlent.

L’homme qui vit ainsi se charge d’un fardeau extrêmement pesant, infiniment trop lourd pour ses épaules. Il devient sa propre norme, son propre maître. Il lui incombe de se donner une morale et des règles pour vivre. Il doit surtout surmonter, seul, les épreuves et les souffrances qu’il rencontre.

La foi chrétienne, du moins celle reposant sur une image juste de Dieu, implique une vie bien différente. La liberté ne se trouve que dans l’amour, comme le dit saint Augustin dans son commentaire de la première épitre de saint Jean, « aime et fais ce qu’il te plaît » ! L’amour de Dieu, manifesté en Jésus-Christ, est la référence du chrétien, le chemin à suivre pour devenir ce qu’il est réellement.

La foi est un don que l’homme doit accueillir. C’est dans la foi seulement qu’il nous revient de découvrir l’amour que Dieu nous porte. L’expérience de cet amour, renouvelée chaque jour dans les sacrements ou dans la prière intime et secrète, irrigue alors nos corps et nos coeurs pour nous faire porter au monde ce􀄴e chaleur qui lui manque tant. Nous percevons bien que la foi devient alors une décision qui se doit d’entraîner l’adhésion de notre être entier.

Le vieil homme peut se déchainer, bien plus que le diable. Il nous faut nous vaincre nous-même. Museler l’égoïsme et les convoitises qui empêchent l’âme de respirer et de s’élever. Ce choix est vital et conditionne notre Salut. Acceptons-nous de placer notre vie sous la Seigneurie du Christ ?

Pour répondre à cette question il convient de sonder nos coeurs, faire mémoire de notre histoire sainte pour retrouver Celui-là seul qui a déposé sa vie pour ses amis, manifestant à l’humanité entière sa vérité et sa dignité infinie : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu. » (Saint Irénée)

Quel maître choisirons-nous ?

Père Martin de Laubadère, vicaire à Saint-Eustache

FIP 14 septembre 2025

La Croix Glorieuse

Quarante jours après la fête de la Transfiguration, le 6 août, nous célébrons la fête de la Croix glorieuse. Si nous nous détachons de l’habitude, habitude culturelle et artistique, de voir régulièrement des représentations de la croix du Seigneur dans nos églises, à la croisée des chemins, dans nos maisons et jusqu’autour du cou, il s’agit tout de même de la représentation d’un homme torturé, cloué et achevé sur un morceau de bois, image d’un des sommets de l’ingéniosité des hommes pour faire souffrir leurs semblables. Nos yeux sont habitués et ne ressentent plus l’horreur de l’image. Cependant cet homme et Dieu torturé qui s’offre par amour et sans violence nous donne la clé de notre humanité : tout ce qui n’est pas donné est perdu.
Le Christ a reçu la vie humaine de son Père et de Notre Dame : il offre cette vie sur la croix, de la même façon qu’en sa divinité il n’est que perpétuelle offrande au Père. Il manifeste un jour de l’histoire en sa chair d’homme ce qu’il se passe en son essence divine dans l’éternité : une offrande parfaite et radicale. Mais dans notre condition humaine, marquée par le péché, toute vraie oblation est souffrance, patience ou passion, mais ce n’est pas la souffrance qui est recherchée : c’est la vie et la joie, fruits de cette offrande. Les seules vraies joies de notre vie sont les moments où nous sortons de nous-mêmes pour nous offrir. Tout le reste n’est que consommation, accaparement et donc amertume. Le conjoint, le parent, l’enfant qui aime, l’artiste qui crée, l’artisan qui sue, le sportif qui s’entraine, l’enseignant qui éduque, le soignant, et tous les autres métiers et activités qui nous obligent à un travail, une expertise, une fidélité, une sortie de nous-mêmes – et donc toujours une forme de mort à soi-même – sont les seules réalités qui nous peuvent nous apporter une vraie joie. Oui la croix est donc glorieuse : elle n’est pas d’abord souffrance, elle est offrande. Elle n’est pas torture, elle est amour. Elle n’est pas infamie, elle est espérance : la nôtre, celle des chrétiens.


Père Pierre Vivarès, curé de Saint-Eustache

FIP 7 septembre 2025

Une nouvelle année pastorale

En décembre dernier, le pape François ouvrait l’année jubilaire. Son thème : «Pèlerins d’espérance». C’est un autre pape, Léon XIV, qui mènera cet évènement à bonne fin le 6 janvier prochain. C’est donc bien dans la dynamique de ce grand moment de ressourcement ecclésial que nous vivons notre rentrée à Saint-Eustache.

Cette rentrée a pourtant son cachet particulier : changement de curé, renouvellement partiel de l’équipe des prêtres et diacre, changement de format, modification de nos rythmes de célébration… Toutes choses qui vont solliciter nos capacités d’ajustement ! Parmi les « Aphorismes de Newman », commentés par le Cardinal Jean Honoré, il y a celui-ci : « Vivre c’est changer ». Ça peut sonner comme une plate vérité mais le vrai c’est que nous aimons en général ce que nous connaissons et que nous sommes plutôt réticents, voire résistants, au changement. Et pourtant c’est le mouvement même de la vie – et c’est bien de vie qu’il est question, la vie de notre communauté.

Cette communauté nous l’aimons dans la richesse de sa tradition d’un siècle d’apport des prêtres de l’Oratoire de France, nous l’aimons dans la variété de ses engagements solidaires et culturels, nous l’aimons dans son art de célébrer, nous l’aimons dans son attachement à l’accueil inconditionnel de tous et de toutes… On pourrait continuer mais je voudrais ici dire simplement ceci : dans la vie de la communauté (qu’elle soit, du reste, familiale, de voisinage, paroissiale ou religieuse) on trouve d’abord ce qu’on y apporte. Incontestablement la première chose que l’on met en commun ce sont nos limites, nos faiblesses. Mais c’est aussi nos convictions, nos talents, notre enthousiasme, notre goût pour servir, notre disponibilité. Surtout, c’est l’esprit dans lequel nous souhaitons, concrètement, au quotidien, vivre notre commune vie de baptisés, un esprit de paix porté par la foi qui nous garde toujours plus attaché à l’« unique nécessaire », l’amitié avec le Seigneur.

Souhaitons-nous donc une belle et bonne rentrée paroissiale ! Retrouvons-nous avec bonheur pour continuer, au coeur de Paris et des Halles, notre mission de témoignage d’une authentique fraternité.

Gilles-Hervé Masson, vicaire

Feuille de quinzaine n°538

Du dimanche 22 juin au dimanche 7 septembre 2025

Le Cénacle, une aventure avec le Saint Esprit

  À l’aube du XXème siècle, dans sa lettre Divinum illud munus , le Pape Léon XIII invitait les chrétiens à « prier et supplier l’Esprit Saint, car il n’est personne qui n’ait grand besoin de son secours et de son appui…Il y a deux ans, en publiant notre lettre Provida matris, nous avons  recommandé qu’à la solennité de la Pentecôte , des prières particulières soient faites pour hâter ce bien qu’est l’unité des chrétiens » et il ajoute : « nous ordonnons que, dans tout le monde catholique, dès cette année et toutes les suivantes à perpétuité , une neuvaine soit faite…»

Nous avions bien oublié cette invitation. Et voici qu’à l’aube du XXIème siècle, Kim Kollins, une Américaine que nous avions rencontrée en 1982, vint nous parler de cet appel. Sr Anne fut invitée à traduire son livre : Burning Bush – A return to the Cenacle in Adoration and Intercession, et Claude Brenty, responsable des Éditions des Béatitudes, accepta de publier la traduction française  du livre : le Buisson ardent – L’urgence de la prière d’adoration et d’intercession.
Dès 2001, nous avons décidé, dans l’enthousiasme, de vivre l’expérience des neuf jours au Cénacle. Ce fut un temps fort et une grande action de grâce. Notre curé, à l’époque le frère Denis Trinez, trinitaire, accepta que nous passions nos journées à l’église. Ce fut comme une grande retraite et un approfondissement de notre relation avec le Saint Esprit.

Demeurait l’appel du Pape Léon XIII à vivre l’expérience chaque année. Bon an mal an, nous avons été fidèles à vivre cette neuvaine, nos curés successifs nous ayant encouragées. Vint le covid et l’église fermée. Que faire ? En tout petit nombre, nous avons prié chaque jour, église fermée, pour le Renouveau de l’Église, de la société et l’unité des chrétiens.

Nous expérimentons chaque année la réalité de la promesse de Jésus : « Le Défenseur que le Père enverra en mon nom, Lui, vous enseignera tout, et Il vous fera souvenir de tout ce que Je vous ai dit » (Jn 14,26).  Nous rendons grâce pour l’accompagnement du Saint Esprit et l’approfondissement de la Parole qu’Il nous a donné de faire.

Que le Saint Esprit nous garde d’oublier la grâce du Cénacle !

                                  Sr Anne o.p et Sr Hubert Dominique o.p

Feuille de quinzaine n°537

Du dimanche 8 juin au dimanche 22 juin 2025

Avec un peu d’avance, avant même la Pentecôte, l’Esprit Saint a soufflé sur Saint Leu ! Vous êtes bien à plaindre, si vous n’avez pas vu, ruisselants d’eau,  les visages rayonnants de Véronique et de David recevant le sacrement du baptême il y a quelques jours… !!
Notre vicaire général, Mgr Emmanuel Tois, évêque auxiliaire de Paris  nous a fait la joie de célébrer ce baptême de deux amis, venant régulièrement à Saint Leu dans le cadre du mouvement « Aux captifs la Libération ». Un bon nombre de paroissiens et aussi de personnes accueillantes ou accueillies aux Captifs n’auraient pas voulu manquer ce rendez vous, aussi émouvant que structurant pour tous.
Particulièrement dans cette année que notre Archevêque a placée sous la force pastorale des sacrements. «  Les sacrements, don de Dieu ; source de vie missionnaire, source de vie fraternelle ». C’est exactement ce que Véronique et David nous ont permis de vivre, dans leur parcours tout au long de l’année, et dans cette cérémonie empreinte de simplicité, de joie profonde et de fraternité. La force vitale du Christ ressuscité, agissant dans son Eglise !
Voici un aperçu du message de Sœur Solange, ( Filles de la Charité, St Vincent de Paul) qui les a accompagnés. « Vous avez des prénoms que nous trouvons dans la Foi. David dans le 1er testament, ce roi choisi par Dieu montre que l’homme n’est jamais abandonné lorsqu’il accomplit la tâche qui lui a été confié. Véronique, dans la tradition des chemins de croix, a eu le courage d’arrêter les gardes pour essuyer le visage de Jésus.  Quelle belle mission à tous deux !  J’ai eu la joie de partager avec vous pendant votre préparation au baptême. J’ai été témoin de votre recherche de Jésus-Christ, de votre foi déjà présente depuis longtemps dans vos vies, avec cette place de la prière dans les moments difficiles. Je retiens quelques unes de vos paroles dans nos échanges :
«  J’aime le psaume 26 ( le Seigneur es ma lumière et mon salut…) , et le prier dans les moments douloureux , je sentais que le Seigneur me rendait plus forte, avec une confiance malgré les difficultés ».
« Moi, tout est dans mon cœur, je sais que Dieu est là, je ne sais pas parler, on ne m’a jamais appris, dans la rue on ne parle pas ».
« Le baptême va nous donner un amour profond, indestructible, sinon on est un vase vide ».
À tous : belle Pentecôte !!

A.B.+

Feuille de quinzaine n°536

Du dimanche 25 mai au dimanche 8 juin 2025

« Le Pape Léon XIV vu par nos amis américains de St Leu »

« Notre Pape Léon XIV est pour moi une réponse à la prière pour les vocations que nous avons récité pendant le Carême. Léon XIV est une bénédiction et un encouragement, un frère qui nous réconcilie, faisant la Paix.
Je reçois ce Berger comme un Don de Dieu choisi par l’Esprit Saint pour rassembler le peuple de Dieu. Sa venue est une surprise sortie du Melting Pot pour aimer et guider ses frères et sœurs dans la Sainte Église.
León XIV, un homme de Dieu, missionnaire qui saura écouter et s’ajuster dans la prière avec toute l’église réunie dans la vie renouvelée avec Jésus Christ notre Seigneur »
Erika Beauvais

« Je pense que le Pape Léon XIV a beaucoup de foi, même si son saint ou ses saints sont différents des saints israéliens ou français, il pourra être un Bon Pape.
Aux Etats-Unis la messe est un peu différente car la langue est différente.  C’est la compréhension qui est différente. »
Andrew Beauvais

« Avec son accent de l’Illinois et sa foi augustinienne, Léon XIV incarne un vent nouveau, invitant l’Amérique et le monde à marcher main dans la main vers la justice. »
Richard Decker