Appel du Denier de l’Eglise

Lettre du père Arnaud Bancon, curé de St Leu – St Gilles

Paris, le 16 mars 2023

Chers paroissiennes et paroissiens,

Comme chaque année à cette époque, je fais appel à votre générosité pour votre participation au denier de la paroisse. Vous savez que c’est la seule ressource qui rémunère les prêtres et les laïcs salariés de votre église, leurs cotisations sociales et leurs retraites. Et, de plus, Saint LEU – Saint GILLES n’ayant pas d’autres revenu annuel, c’est grâce à ce denier que votre église peut être chauffée, éclairée et entretenue, bref qu’elle peut faire face à ses charges pour fonctionner, sans oublier les nombreuses activités pastorales et caritatives .

Je tiens à remercier tous les généreux paroissiens qui ont répondu à cet appel et à ceux qui le font fidèlement tout au long de l’année en fonction des ressources dont ils disposent. Je les remercie particulièrement car je suis bien conscient des nombreuses sollicitations auxquelles nous sommes tous soumis, mais la participation à sa paroisse est une priorité pour les chrétiens.

Je compte sur votre générosité pour poursuivre la gestion prudente de notre paroisse en suivant les indications du bordereau ci-joint. Si vous souhaitez assurer à la paroisse une plus grande solidité et pérennité, vous pouvez choisir le denier régulier par prélèvement automatique, quel que soit le montant, avec toute liberté de modifier ou de suspendre votre don à tout moment.

Dans l’espérance de me rendre disponible à chacun d’entre vous, je vous assure, chers paroissiens, de ma prière fidèle et de mon chaleureux respect.

Père Arnaud Bancon

Curé de Saint LEU – Saint GILLES

Lien vers la page de don :

Vous trouverez ci-après le témoignage de la personne responsable de l’accueil à St Leu :

ACCUEILLIR À SAINT LEU – SAINT GILLES

« La foi précède, et la compréhension suit » Saint Augustin

Je témoigne ici que participer à cet accueil est une Grâce très particulière… Je ne suis pas près d’oublier une de mes premières permanences… C’était un lundi ; de notre petit bureau d’accueil, j’observais le va et vient tranquille de ceux qui entraient dans l’église : quelques touristes, quelques habitués, quelques autres venus méditer et prier, quelques personnes venues se mettre un moment à l’abri de la rumeur du monde, agressive et épuisante ; là, ils se sentent en sécurité chez eux, et ils le sont  bien en vérité.

Entre alors un homme élégant, au profil, disons, cadre supérieur ; il vint s’agenouiller, accoudé sur la chaise voisine, un rai de soleil traversant le vitrail vint l’éclairer de ses faisceaux irisés. Cet homme pleurait comme un enfant ; étant de nature encline à la discrétion (« je suis violemment modéré » comme disait Raymond Aron), j’allais vers lui, lui demandant si tout allait bien. Tout allait très bien, et il me raconta : athée mais s’interrogeant… il était entré (par hasard) dans Saint Leu qui se trouvait sur le chemin d’un rendez-vous d’affaire aux Halles. Il avait alors confié à ce Dieu, auquel il ne croyait pas, le salut de son jeune fils hospitalisé à Necker ; son pronostic vital étant très compromis, victime d’une forme rare de leucémie.

Deux mois après, il avait tenu à revenir à Saint Leu pour remercier ce Dieu auquel il ne croyait toujours pas … quoique ! Son fils était guéri, il pleurait de joie et de reconnaissance.

Paul-Emmanuel Leconte

Lien vers la page de don :

https://denier.paris.catholique.fr/?etape=1&affectation=01LEU

Rentrée 2022 du Collège des Bernardins

Quelques exemples de cours publics :

  • Les femmes vaillantes dans la Bible
  • Dieu et la philosophie : Dieu face au mal
  • La doctrine sociale de l’Église
  • La foi chrétienne et les épreuves de la vie
  • L’Homme peut-il vivre si Dieu est mort ?
  • L’Église mode d’emploi
  • Initiation à la Bible et l’écriture sainte
  • L’art moderne et le divin
  • Création et péché originel
  • Repères pour un discernement éthique
  • Les actes des deux apôtres
  • À la découverte du judaïsme

La vie de notre Diocèse

Déclaration de Mgr Michel Aupetit

2 décembre 2021

« Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris.
Que le Nom du Seigneur soit béni ! »

Cette phrase de Job m’habite, au moment où je reçois cette acceptation de la remise de ma charge de la part du Saint Père. Les événements douloureux de la semaine passée, sur lesquels je me suis déjà exprimé, m’avaient amené à remettre ma mission dans les mains du Pape François pour préserver le diocèse de la division que provoquent toujours la suspicion et la perte de confiance.

J’ai reçu cette lourde charge du diocèse de Paris en essayant de m’en acquitter avec ferveur et dévouement. Je rends grâce à Dieu, qui m’a fait depuis toujours le don d’un regard bienveillant sur mes semblables et d’amour des personnes, qui m’avait conduit dans un premier temps à l’exercice de la médecine. Prendre soin est quelque chose de profondément ancré en moi et les difficultés relationnelles entre les hommes ne l’entament pas.

Je suis heureux d’avoir servi ce diocèse avec des équipes magnifiques, clercs, laïcs, consacrés, totalement dévoués au service du Christ, de l’Église et de leurs frères. Il y a trop de personnes à remercier pour que j’en fasse une liste exhaustive.

Le jour de mon entrée au séminaire, j’ignorais totalement où cela allait m’entraîner, mais la confiance en Jésus-Christ qui m’habitait alors, continue de me rendre totalement disponible, pour le suivre où il voudra.

Message de Mgr Georges Pontier, administrateur apostolique, aux baptisés du diocèse de Paris

Chers Frères et Sœurs, baptisés du diocèse de Paris,

La renonciation à sa charge que Mgr Michel Aupetit a remise entre les mains du Pape dans le souci du bien du diocèse et la décision de celui-ci de l’en relever est une épreuve pour votre diocèse, pour Mgr Aupetit tout d’abord et pour vous tous. Prions pour lui et les uns pour les autres. Qu’aucune division, aucun propos inutile n’ajoutent encore à l’épreuve qui est assez lourde ainsi. Que chacun entre en lui-même et redise sa confiance à Celui qui est Maître du temps et des cœurs. Que chacun poursuive sa propre conversion et sa marche à la suite du Seigneur.

Le Pape François m’a demandé de vous rejoindre pour quelques mois comme Administrateur Apostolique du diocèse. Cela m’impressionne, mais je n’ai pas cru devoir m’y dérober. Je m’efforcerai de servir et de donner le meilleur de moi-même avec l’équipe épiscopale. Je sais que l’Église qui est à Paris est vivante, riche de ressources, de dynamismes de tous ordres. Je sais qu’ensemble à l’écoute du Seigneur, soutenus par le souffle de son Esprit nous allons poursuivre notre route, marqués par cette épreuve, mais conduits à plus d’humilité, de charité et d’espérance.

Ouverture du Synode : Une église en chemin.

Le dimanche 17 octobre à Saint-Germain l’Auxerrois, Mgr Michel Aupetit a ouvert le processus synodal pour le diocèse de Paris, lancé les 9 et 10 octobre 2021 à Rome. Le processus synodal se conclura par l’Assemblée générale du Synode des évêques au Vatican en octobre 2023.

Prochaine rencontre à st Leu le dimanche 12 décembre

Paris Notre-Dame – Votre équipe a été envoyée en mission par Mgr Michel Aupetit dimanche 17 octobre au soir. En quoi consiste cette mission ?

Christophe Alizard – Notre mission, vertigineuse, consiste à répondre à la volonté du pape de vivre une expérience synodale dans chaque diocèse. La particularité du synode sur la vie de l’Église, lancé les 9 et 10 octobre à Rome (Italie), est de se dérouler en trois étapes et sur deux ans. La première phase, dans laquelle nous sommes aujourd’hui, consiste à vivre le synode en Église particulière – c’est-à-dire en diocèse – afin de remettre une forme de synthèse au printemps 2022. S’ensuivra une phase continentale (de septembre 2022 à mars 2023), puis enfin une phase de l’Église universelle à Rome en octobre 2023. Pour le pape François, « le chemin de la synodalité est celui que Dieu attend de l’Église au troisième millénaire [1] ».

Marie-Thècle Tranchant – « Synode » veut dire « faire chemin ensemble ». Nous sommes invités à réfléchir sur la manière dont l’Église doit davantage marcher ensemble. Nous en faisons nous-mêmes l’expérience au sein de notre équipe, composée de plusieurs personnes aux différents états de vie : un prêtre, deux couples, un homme marié et une femme célibataire. Réfléchir ensemble et partager notre expérience d’Église permet de marcher vers toujours plus de vérité et de charité.

P. N.-D. – Frère Aloïs parle « d’un dialogue qui réconcilie » en évoquant le synode. Qu’en pensez-vous ?

C. A. – Le rapport de la Ciase conduit à une prise de conscience douloureuse sur la souffrance endurée par les victimes et notre rapport à leurs paroles… Si la parole du plus souffrant en qui le Christ se reconnaît n’est pas recueillie, alors nous avons échoué. L’esprit de synodalité peut apparaître comme une voie pour mettre en œuvre certaines recommandations du rapport Sauvé, en valorisant une communion de tous les baptisés à l’opposé de tout cléricalisme.

M.-T. T. – Il y a un enjeu vital que tous les baptisés se demandent quelles sont, pour eux, les urgences à traiter dans l’Église actuelle. Cela suppose de pouvoir faire mémoire de tout le bien qu’on a reçu de l’Église, mais aussi de prendre conscience des drames et des blessures vécues en son sein pour ensuite s’interroger : vers quoi veut-on aller ? Notre mission est une proposition, très humble, que chacun puisse prendre la parole.

P. N.-D. – S’agit-il de repenser la gouvernance de l’Église ?

C. A. – Chacun ne va pas écrire sa revendication sur un mur ou entrer dans une forme de démocratie où l’on vote de façon individuelle : « ensemble » a un sens. L’esprit de synode, c’est de mener un discernement commun porté par l’Esprit Saint, où la voix de tous permet de conduire à la vérité et à la lumière pour la vie et la mission de l’Église. Le pape rappelle souvent cette pensée de saint Benoît : « Et si l’Esprit Saint avait choisi le plus petit d’entre nous pour révéler sa vérité ? »

M.-T. T. – Sans Esprit Saint, il n’y a pas de synode. Le logo du synode le montre bien : on voit un peuple qui marche, guidé par l’Esprit Saint. Ce peuple qui marche, c’est le « nous » ecclésial que nous devons retrouver, où tout le monde est inclus, laïcs et clercs, et où chacun peut donner sa voix et être écouté. On peut lire aussi sur ce même logo : communion, participation, mission. Le pape est très clair là-dessus : il n’y aura pas de mission de l’Église si on n’est pas capable de marcher ensemble.

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

[1Discours du pape François lors de la commémoration du 50e anniversaire de l’institution du synode des évêques (17/10/2015).

Message de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, à propos de la remise du rapport de la CIASE.

https://www.paris.catholique.fr/remise-du-rapport-de-la-ciase.html?utm_source=hebdo&utm_medium=email&utm_campaign=2021-10-12_hebdo&utm_content=remise-du-rapport-de-la-ciase.html

Chers frères et sœurs, chers amis,

Comme vous le savez nous attendions le rapport de la CIASE qui a été rendu public aujourd’hui. Nous l’avions demandé pour faire la vérité car nous la devions absolument aux personnes victimes et à tous les fidèles.

Je méditais cela ce matin avec le psaume de la messe Ps 129 : « Des profondeurs je crie vers toi Seigneur ».

Cette vérité nous l’avons découverte avec vous tous. Elle est bien au-delà de ce que nous croyions savoir, elle est effrayante.

Depuis plusieurs années, nous avons pris des mesures pour prendre au sérieux cette épouvantable tragédie mais nous voyons que nous avons encore bien du chemin à faire pour accueillir la souffrance des victimes, les accompagner dans leur reconstruction, et rendre plus sûre la maison commune. L’analyse des causes exposées par le rapport de M. Sauvé nous oblige à regarder de près les facteurs qui ont permis de tels abus. Nous aurons besoin de vous tous pour nous éclairer et nous aider dans les réformes nécessaires. Nous avions demandé à la CIASE de nous donner des recommandations. Nous allons les étudier attentivement avec tous les évêques de France afin de décider ce qui convient de mettre en œuvre.

Croyez bien que je partage votre profonde tristesse devant ces terribles révélations. Je vous invite à prier pour les personnes victimes dont la vie est brisée. Je vous demande aussi de prier pour tous les prêtres, diacres et laïcs afin qu’ils continuent à œuvrer avec dévouement. Nous sommes tous profondément attristés par ces révélations.

Chers frères et sœurs, chers amis, je vous assure de ma profonde communion dans le Christ.

+Michel Aupetit
Archevêque de Paris

Allocution de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France

Monsieur le Président,

Vous venez de remettre à sœur Véronique Margron, Présidente de la Conférence des Religieux et Religieuses de France et à moi-même, votre rapport après 30 mois de travail. À travers nous, vous le remettez aux supérieures et supérieurs majeurs et aux évêques de France. Votre rapport est rude, il est sévère. L’ampleur du phénomène des violences et agressions sexuelles dans la société et dans l’Église que vous décrivez est effarante.

À travers la prise de parole de M. Devaux et à travers votre compte-rendu M. le président, déjà, nous avons entendu la voix de personnes victimes.

Nous avons entendu leur nombre.

Leur voix nous bouleverse, leur nombre nous accable. Il dépasse ce que nous pouvions supposer.

Que tant de vies d’enfants et de jeunes aient pu être abîmées sans que presque rien en ait été repéré, dénoncé, accompagné, soigné, est proprement insupportable.

Nous mesurons aujourd’hui encore la force intérieure et le courage qu’il a fallu et qu’il faut à celles et ceux qui dénoncent les violences et agressions qu’ils ont subies.

Nous réalisons le nombre de ceux et de celles qui n’ont pu parler et qui ne peuvent ou ne souhaitent pas le faire.

Aux personnes qui ont été victimes de tels actes de la part de prêtres, de religieux, de religieuses ou d’autres personnes dans l’Église,

J’exprime ma honte, mon effroi, ma détermination à agir avec elles pour que le refus de voir, le refus d’entendre, la volonté de cacher ou de masquer les faits, la réticence à les dénoncer publiquement disparaissent des attitudes des autorités ecclésiales, des prêtres et des acteurs pastoraux, de tous les fidèles. Croyez que je suis le porte-parole des évêques.

Mesdames et Messieurs, personnes victimes qui vous tenez là au milieu de nous ce matin, vous, dont je connais le nom et le prénom de quelques-unes et de quelques-uns, vous avec qui j’ai travaillé et d’autres évêques avec moi au long de ces dernières années, mon désir en ce jour, est de vous demander pardon. Pardon à chacune et à chacun. Mais je sais qu’à travers vous, ce sont des milliers d’autres qu’il me faut évoquer, certaines ou certains empêchés à jamais de parler.

Nous, évêques, voulons assurer ceux et celles qui parleront un jour, quel qu’il soit, qu’ils seront entendus, écoutés, pris au sérieux et que leur parole ne restera pas sans effet. L’écart entre nos constats de ces dernières années, à travers les récits entendus ou lus, et les chiffres établis désormais par la CIASE nous persuade que le travail de purification nécessaire doit être poursuivi sans relâche.

La CIASE a accompli un travail formidable. Nous savons qu’il fut éprouvant tant la réalité à mettre au jour dépassait en horreur et en tristesse ce qui pouvait être attendu. Nous remercions la Commission dans son ensemble d’avoir mené à bien une telle tâche et chacun de ses membres qui a fait bénéficier la Commission de sa disponibilité et de sa compétence.

L’Église catholique en France leur doit à tous et à chacune et chacun beaucoup.

Nous remercions aussi les chercheurs de l’École pratique des hautes études et de l’Inserm, les sondeurs et les analystes de l’Ifop qui ont aidé la CIASE dans les parties plus techniques de son travail. Nous mesurons combien toutes celles et tous ceux qui ont contribué à ce rapport portent en eux profondément l’impact des faits qu’ils ont dû constater.

Le rapport de la CIASE, au-delà de la description chiffrée du phénomène, doit être lu avec attention. Nous, les évêques, allons y consacrer du temps en vue de notre assemblée plénière au début du mois de novembre et très au delà, bien sûr. Nous étudierons les analyses proposées et les préconisations faites, l’évaluation donnée des mesures que déjà nous avons prises.

Ce que nous avons décidé en mars dernier est déjà en partie mis en place : transformation de la cellule permanente en un Conseil pour la prévention et la lutte contre la pédophilie, engagement à la construction d’un lieu mémoriel, poursuite de l’écoute des personnes victimes à l’échelle des diocèses et des congrégations mais aussi à l’échelle nationale, mise en place d’un service de prévention et de lutte contre la pédophilie, avec un service d’écoute national et la création d’un tribunal pénal canonique national, un travail continué avec les personnes victimes et avec des experts en tous domaines.

Nous avions décidé de revoir notre manière de comprendre et de présenter le ministère sacerdotal, celui des évêques et celui des prêtres ; le rapport de la CIASE nous appelle à plus de lucidité encore. Le temps de la naïveté et des ambiguïtés est dépassé.

Avec les catholiques de France et tous les Français, nous découvrons l’effrayant tableau qui est mis ce matin sous nos yeux. L’intrusion d’un adulte dans le développement affectif et sexuel d’un enfant ou d’un jeune est toujours une violence qui produit un traumatisme que ce jeune en grandissant ne pourra surmonter qu’au prix de grandes et terribles dépenses psychiques et spirituelles. Lorsque l’adulte en question est un membre de la famille, un père ou un oncle estimé, le traumatisme est plus grand encore. Il est augmenté dans des proportions exponentielles lorsque l’auteur est un prêtre ou un religieux.

De ces faits, nous avons une vive conscience.

Nous invitons les catholiques à lire ce rapport, à le lire avec nous. Nous avons invité aujourd’hui des personnes représentatives des institutions de notre pays. Le résultat du travail de la CIASE intéresse toute la société. Il met gravement en cause l’Église catholique ; il apporte aussi des éléments de travail et de réflexion pour toutes les composantes de notre vie sociale.

Je voudrais, au nom des évêques, dire aux prêtres, aux religieux et religieuses, combien nous comptons sur eux et sur elles pour recevoir ce rapport et y puiser avec courage et force de quoi s’engager avec plus de justesse encore. Dans leur immense majorité, ils sont de bons serviteurs. Ils ont donné et donnent leur vie pour servir celles et ceux à qui ils sont envoyés par le Christ Jésus. Ils mettent tout leur être à la disposition du Seigneur pour que celui-ci apporte sa grâce à ceux et celles qui l’acceptent. Notre engagement à tous dans le célibat est un choix d’amour, de délicatesse, de respect, d’humilité. Que certains parmi nous aient pu ou puissent détourner leur ministère au service de leurs pulsions nous accable, nous déchire le cœur. Cela nous oblige aussi à nous examiner chacun plus que jamais pour vérifier les moindres de nos comportements. Nous avions décidé en avril dernier d’évaluer à nouveaux frais nos relations d’autorité. Dans l’immense recomposition pastorale que nos diocèses et nos congrégations religieuses vivent, nous recevons l’amère lumière du rapport de la CIASE comme une exigence de Dieu.

L’ampleur du phénomène des violences et agressions sexuelles mise au jour aujourd’hui par la Commission que les évêques de France et les supérieurs religieux ont voulue révèle que toutes les relations structurantes de l’humanité peuvent être déviées et se transformer en relations de prédation et qu’elles le sont, il faut le constater, dans une proportion qui ne peut pas être tenue pour négligeable. La paternité, la maternité, l’engendrement, la relation éducative peuvent toujours être dévoyées, tant peut être grande la force qui pousse un être humain à dominer, à détruire, à assouvir ses désirs, tant est complexe et parfois compliqué le chemin qui permet de devenir des hommes et des femmes de paix et de justice.

Nous implorons de Dieu sa grâce, c’est-à-dire sa consolation et sa force, pour que nous puissions laisser la lumière pénétrer les zones les plus obscures. Que jamais nous ne renoncions à la clarté. Que jamais nous ne nous résignions à l’ambiguïté. Nous travaillerons, en lien avec l’Église universelle, notre théologie du sacerdoce baptismal et du sacerdoce apostolique. Nous voulons encore et toujours servir le Christ en son sacrifice : il a donné sa vie pour ouvrir l’espérance que le mal et la violence ne l’emporteront pas au terme de l’histoire et que les petits et les oubliés de l’histoire seront les premiers dans la lumière.

Mgr Éric de Moulins-Beaufort,
Archevêque de Reims,
Président de la Conférence des évêques de France

Source : https://eglise.catholique.fr/sengager-dans-la-societe/lutter-contre-pedophilie/519242-reception-du-rapport-de-la-commission-independante-des-abus-sexuels-dans-leglise-allocution-de-mgr-eric-de-moulins-beaufort/

Réaction du Pape François – 5 octobre 2021

« Le Saint-Père a été informé de la sortie du rapport de la Ciase, à l’occasion de ses rencontres, ces jours derniers, avec les évêques français en visite ad limina. Et c’est avec douleur qu’il a pris connaissance de son contenu », a informé dans une déclaration Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège.

« Ses pensées se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer. Elles se tournent aussi vers l’Église de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité et unie à la souffrance du Seigneur pour ses enfants les plus vulnérables, elle puisse entreprendre la voie de la rédemption », affirme encore Matteo Bruni.

« Par ses prières, le Pape confie au Seigneur le Peuple de Dieu qui est en France, tout spécialement les victimes, pour qu’Il leur accorde le réconfort et la consolation et afin que, avec la justice, puisse s’accomplir le miracle de la guérison ».

Source : www.vaticannews.va

Lettre pastorale de Mgr Michel Aupetit “La fraternité au service de la mission” pour le diocèse de Paris

Chers frères et sœurs, chers amis,

Depuis trois ans et demi que le Saint-Père m’a appelé à recevoir la charge du diocèse de Paris, bien des événements inattendus et désarmants se sont produits. En premier lieu, l’incendie de Notre-Dame. L’émotion considérable qu’il a suscitée en France et dans le monde a certes mis en lumière un fort attachement au patrimoine culturel et religieux mais plus profondément l’immense attente de nos contemporains relativement à l’Église du Christ. Si chaque détail lié à la reconstruction de l’édifice semble faire débat et suscite les passions, c’est que notre cathédrale représente bien autre chose. Elle est la mémoire religieuse de notre pays mais elle est, peut-être plus encore, le signe de l’avenir missionnaire de notre Église dont nous avons pu découvrir les intenses blessures. Mais n’est-ce pas du côté transpercé du Christ que jaillissent le sang et l’eau ? L’année suivante, la pandémie mondiale de la Covid-19 nous a révélé la fragilité de notre société et les limites de la condition humaine. Elle a frappé une civilisation, sûre d’elle-même, de la fulgurance des progrès techniques et de sa domination de la nature et des éléments qui la composent. L’individualisme exacerbé mis en place par cette illusoire autonomie nous avait fait oublier que la Terre est notre maison commune. Les gestes barrières et la distanciation nécessaire pour endiguer la propagation du virus, nous ont fait ressentir à quel point nous étions interdépendants et fondamentalement des êtres de relation. Tout ceci nous oblige à repenser notre relation au monde, à notre place dans la société et à l’immense trésor qui nous a été confié par le Christ, célébré dans les sacrements, et dont nous sommes appelés à être témoins. L’amour inconditionnel de Dieu pour chaque personne doit être connu de tous les hommes pour pouvoir construire cette civilisation de l’amour, chère au pape saint Jean-Paul II.

Face à ces défis et enjeux de société, nous avons, depuis presque un an, engagé une réflexion sur la mission propre du diocèse de Paris. En effet, nous avons la chance d’avoir un diocèse dynamique en raison du nombre de prêtres et de diacres encore important, de religieux et de consacrés qui œuvrent dans tous les domaines pastoraux de l’enseignement et de la charité, ainsi que de nombreux laïcs engagés et motivés. Je rends grâce pour l’investissement de chacun. J’ai eu l’occasion de percevoir les ressources considérables dont dispose notre diocèse : la vitalité de nos paroisses, les mouvements et communautés avec leurs charismes propres, les ressources de la formation des séminaristes et des prêtres mais aussi de l’ensemble du peuple de Dieu, les nombreuses initiatives au service de la solidarité et les œuvres de charité qui ne cessent d’interpeller nos contemporains. Les richesses humaines et religieuses invitent à reconnaître comment la recherche de vérité, de bonté et, aujourd’hui plus particulièrement la recherche de « beauté » inscrite dans la nature et dans toutes les formes d’expressions artistiques, est une médiation fondamentale pour contempler le Dieu fait homme. Comme l’affirmait déjà saint Paul VI lors de la clôture du Concile Vatican II : « Ce monde dans lequel nous vivons a besoin de beauté pour ne pas sombrer dans le désespoir. La beauté, comme la vérité, est ce qui apporte la joie au cœur des hommes, elle est ce fruit précieux qui résiste à l’usure du temps, qui unit les générations et les fait communiquer dans l’admiration. »

En raison de son histoire et de sa place singulière dans notre pays, Paris est regardé de manière particulière, non seulement par les chrétiens fervents mais aussi par de nombreuses personnes dans le monde, encore marquées par le foisonnement artistique, intellectuel et culturel de cette capitale. Nous avons, là aussi, à travailler pour que notre diocèse soit un lieu d’innovation dans ces domaines si importants pour l’évolution d’une civilisation. Le Collège des Bernardins, voulu par le cardinal Jean-Marie Lustiger, en est l’expression. Fondé sur la parole de Dieu comme source lumineuse de l’intelligence et de la créativité, il apparaît important qu’il soit le prototype d’une action pastorale renouvelée et audacieuse suivant les paroles du pape François dans son encyclique Fratelli tutti : « Un esprit de vrai dialogue se nourrit de la capacité de comprendre le sens de ce que l’autre dit et fait, bien qu’on ne puisse pas l’assumer comme sa propre conviction. Il devient ainsi possible d’être sincère, de ne pas dissimuler ce que nous croyons, sans cesser de dialoguer, de chercher des points de contact, et surtout de travailler et de lutter ensemble » (§ 203). Il s’agit bien de « dia-loguer », de découvrir par le logos qui habite le cœur de l’homme le chemin de vérité et de vie. Dans son discours adressé aux Bernardins, le pape Benoît XVI restituait la mission du Collège à la lumière de son histoire : « Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : s’appliquer à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours, trouver la Vie elle-même. Des choses secondaires, ils voulaient passer aux réalités essentielles, à ce qui est vraiment important et sûr. » C’est la parole de Dieu qui les a conduits à travers cette recherche du Seigneur au cœur du monde. Le cardinal Jean-Marie Lustiger nous a, en ce sens, laissé un magnifique héritage de formation. Puisse la parole de Dieu continuer à nous guider toujours davantage vers les extrémités de la Terre ou, selon les mots du pape François, vers de nouvelles périphéries.

Tout ce potentiel doit donc nous pousser à rechercher la volonté du Seigneur pour notre temps. Comme le rappelle Benoît XVI, cette recherche se vit dans la communion. À quoi sommes-nous appelés ? Comment pouvons-nous faire cela dans la confiance, la paix et l’unité ? Le travail engagé selon un processus synodal doit permettre à chacun de participer concrètement à l’élaboration de la vision pastorale pour les années à venir. Il s’agit, selon le titre de cette démarche « Mieux servir ensemble », de permettre à chacun d’y contribuer et de se l’approprier en répondant à l’appel du pape François sur la synodalité. Celle-ci n’est pas une action particulière pour un temps donné mais un état d’esprit à mettre en œuvre pour que l’ensemble du peuple de Dieu puisse devenir ce qu’il est fondamentalement par le baptême : une Église de « disciples missionnaires ».

Pour cela, il nous a semblé important de repenser l’organisation et la gouvernance du diocèse. En écoutant les attentes de tous ceux qui font vivre le diocèse de Paris, il est apparu clairement qu’il nous fallait être davantage présent sur le terrain pastoral et apostolique. Aussi, depuis le 1er septembre, nous avons réorganisé le travail des vicaires généraux. Il y a désormais quatre vicaires généraux spécifiquement dédiés aux territoires pastoraux suivant un schéma nouveau qui associe pour un même vicariat des doyennés de sociologie, de moyens humains et financiers différents. Nous espérons que ceci pourra permettre une plus grande unité ainsi que des rencontres et des collaborations plus fructueuses. À partir du travail commencé autour d’un premier diagnostic élaboré par des baptisés aux différents états de vie, les visites pastorales auront pour but, outre une plus importante proximité avec les acteurs de terrain, d’accueillir les premières réactions pour travailler et réfléchir à la mise en œuvre des orientations qui ont émergé de ces prémisses sur une nouvelle impulsion pastorale.

Dans les nombreuses rencontres que j’ai pu avoir avec nos édiles ou plus simplement en rencontrant les personnes de différents milieux, il m’est apparu que la priorité était de reconstruire la fraternité. Celle-ci est, en effet, le premier lieu de l’annonce l’Évangile : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. » Il me semble important de construire une Église fraternelle, non seulement au service du peuple de Dieu, mais aussi du Salut du monde. C’est d’abord dans les paroisses que la mission s’incarne grâce aux bons soins du curé (curare) qui est le serviteur de l’action commune. Comment sommes-nous au service de la vocation de chacun ? Le maillage territorial ne rend pas raison à lui seul de la dynamique missionnaire qui se déploie dans les mouvements, associations de fidèles et initiatives nouvelles qui permettent aux charismes des fidèles de s’exprimer dans un élan évangélique des différents états de vie. Chacun exprime de manière particulière la totalité du Christ, prêtre, prophète et roi. Comment honorer davantage encore chacune de ces dimensions du baptême ? Sommes-nous assez au service de la vocation royale des fidèles ? Comment est-on un soutien pour le médecin chrétien, pour la sage-femme qui désire être fidèle à sa conscience, pour le chef d’entreprise et l’ouvrier qui veulent suivre la doctrine sociale, pour le chômeur à la recherche de travail, pour les pères et mères de famille soucieux de l’éducation de leurs enfants, pour les jeunes en quête de sens et de valeurs et pour ceux qui, comme nous le rappelait le cardinal André Vingt-Trois, ne nous demandent plus rien ? Comme intègre-t-on le charisme prophétique de la vie consacrée ?

Pour être fidèle à la demande du pape François et de l’enseignement de l’Église, il est nécessaire de mettre en place un mode de fonctionnement, respectueux de la vocation, de l’état de vie et du charisme de chacun, qui repose sur l’application chrétienne du principe de subsidiarité. Il convient de permettre à chacun de se sentir à sa place en contribuant pleinement à la mission universelle dans une démarche de synodalité où clercs, consacrés et laïcs travaillent ensemble et s’enrichissent mutuellement dans un esprit fraternel.

En contemplant notre histoire et en regardant les jaillissements spontanés que l’Esprit Saint distille aujourd’hui dans bien des endroits, il m’apparaît important de déployer des lieux de fraternité missionnaire fondés sur l’eucharistie et le partage de la parole de Dieu, où se fortifient la communion et l’unité pour nous ouvrir à l’amitié universelle. Le Seigneur Jésus nous a dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis. » Cette amitié divine qui dépasse tout ce que l’imagination humaine aurait pu espérer, nous conduit à comprendre que nous sommes d’abord une religion de l’amitié. À partir de la fraternité qui existe entre nous en raison de notre filiation divine qui nous conduit tous à avoir un même Père, nous avons à cultiver l’amitié avec chacun. Cette amitié fondée sur la gratuité du don doit permettre à celui qui n’arrive pas à franchir le seuil de nos églises, d’être accueilli gratuitement dans une profonde bienveillance. Cette fraternité au service de la mission nous entraîne à construire des lieux seuils pour que ceux qui ne nous demandent plus rien se sentent bienvenus simplement parce qu’ils sont ce qu’ils sont. Sans doute faudra-t-il repenser la manière dont nous accueillons ceux qui s’adressent encore à nous. Mais, suivant l’intuition et le désir du cardinal André Vingt-Trois, il nous faudra faire davantage en élaborant, en fonction des possibilités de chacun et par la grâce de communion toujours accessible, des lieux d’accueil gratuits où l’on peut vivre la fête, la dimension artisanale et artistique que chacun porte en soi, la recherche spirituelle ou intellectuelle qui marquent notre époque désorientée, enfin bref, des lieux où se manifeste la joie de l’Évangile.

C’est avec vous tous que je souhaite approfondir et mettre en œuvre ces deux visions pastorales – les fraternités missionnaires et l’accueil inconditionnel de tous – qui restent profondément liées. Il est nécessaire de construire, de plus en plus, des lieux de fraternité fondés sur la vie sacramentelle et le partage des Saintes Écritures qui, comme on le voit déjà dans bien des lieux, se déploient avec bonheur pour nous permettre de devenir davantage ce que nous sommes : les disciples du Christ. Il s’agit d’approfondir notre relation personnelle avec lui, de scruter ensemble la parole de Dieu en recevant des autres une lumière bienfaisante en se mettant ensemble sous la motion de l’Esprit Saint, d’édifier la communion par une liturgie joyeuse et profonde qui respecte l’acte divin. En vivant cela, nous pourrons construire une authentique fraternité qui sera le reflet de la présence du Christ au milieu de nous.

Mais une telle fraternité de disciples du Christ ne peut être que missionnaire dans le sens où elle s’ouvre à tous de manière inconditionnelle. Loin de nous enfermer dans un entre-soi mortifère, elle nous oblige à cette amitié universelle envers tous les hommes en mettant en place dans nos lieux pastoraux de nouvelles propositions qui attirent pour montrer que l’Église a été voulue par le Christ pour le bien de tous les hommes. C’est bien par attraction que se répand le message évangélique comme le rappelle le pape François dans son encyclique La joie de l’Évangile.

Nous devons pouvoir lancer des initiatives nouvelles et parfois surprenantes pour répondre à un tel défi. J’ai employé ce mot, peut-être incongru, de « start-up » du Bon Dieu pour dire combien nous avions à nous laisser guider par le Saint-Esprit dans les temps nouveaux que nous avons à vivre. C’est ainsi, qu’ayant constaté la grande détresse de beaucoup de nos contemporains, j’ai lancé ces grandes prières de guérison et de délivrance auxquelles ont répondu tant de gens d’origines diverses. Voilà pourquoi nous réfléchissons également à la manière dont nous pouvons servir nos frères humains dans les grands bouleversements de l’exercice médical, en particulier de la chirurgie ambulatoire qui va modifier complètement notre présence dans les hôpitaux et dans l’accompagnement des personnes malades à leur domicile. Chacun d’entre nous doit être attentif aux évolutions de notre société qui se transforme avec rapidité et peut déconcerter beaucoup d’entre nous. Quelle force de proposition pouvons-nous être dans la communication, dans les nouvelles formes du travail, dans le domaine de la solidarité, dans la formation des consciences et des intelligences, dans la recherche du sens de la vie ? C’est là que nous sommes attendus et que nous deviendrons missionnaires en portant un message lumineux, non seulement dans son expression écrite ou orale, mais dans la réalité de nos existences et dans la façon dont nous vivrons entre nous l’Évangile que nous avons reçu comme un trésor à partager.

Je souhaiterais que, pendant cette année, nous puissions tous nous emparer de ce sujet important afin de voir comment chacun, en fonction de ses charismes, de sa disponibilité, de ce qui est déjà heureusement construit dans ce sens, puisse déployer et innover audacieusement à partir des richesses existantes et du Don de Dieu, cette fraternité des disciples du Christ toujours à construire pour servir au nom de l’amitié divine une société qui, sans le savoir peut-être explicitement, recherche cette joie profonde d’une fraternité universelle où le « Christ sera tout en tous » comme le dit saint Paul.

Paris, le 3 septembre 2021
Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris