Chers frères et sœurs de la communauté paroissiale Saint Leu Saint Gilles,
La peur, l’inquiétude et l’incertitude règnent depuis plus d’un mois sur nos têtes, dans nos cœurs et nous empêchent de vivre normalement et de nous rencontrer en chair et en os. La litanie quotidienne des hospitalisations, des personnes en réanimation, des décès nous frappe de plein fouet. Il semble que nous sommes entrés dans un cercle vicieux qui ne finira jamais. Les dernières estimations nous disent qu’il faudra sans doute au moins encore un mois avant de commencer à retrouver une vie normale. Notre société, si habituée depuis des décennies a bien caché la mort, ne sait plus comment gérer ce flux d’information mortifère. Des gens de la rue que je rencontre chaque mardi matin lors de la permanence courrier de l’association Aux Captifs la libération, me parlent de la fin du monde ou du moins d’un monde. C’est vrai et face à ces événements, notre foi peut se poser des questions tout particulièrement en ce temps où nous célébrons la passion, la mort et la résurrection de notre Seigneur.
Si nous relisons les textes proposés par la liturgie, nous y retrouverons des sentiments des premiers disciples de Jésus que nous comprenons et partageons, aujourd’hui plus que d’habitude. Le voyant mort sur la croix, bien mort et mis au tombeau, ils se disent qu’ils se sont trompés sur son compte et que Jésus avait lamentablement échoué dans sa mission. Ce sentiment est aussi partagé, plus douloureusement encore, par ces femmes qui se rendent au tombeau de bon matin. Trouvant la sépulcre ouvert, elles paniquent et font appel à Pierre et à l’autre disciple qui accourent. Et ils virent le linceul à terre. Le corps de Jésus n’y était plus. Il a sûrement été emporté, volé. Ils n’arrivent pas à percevoir qu’il ne s’agissait que de la réalisation des promesses annoncées par Jésus. Ils regardent le sépulcre vide avec les yeux de la mort et non avec les yeux de la vie. Une personne triste, affligée ou même en colère, ne voit que le négatif, le manque, l’absence.
La résurrection n’est certes pas la joyeuse fin d’une histoire tragique, mais le début d’une nouvelle vie, la transformation de la vie précédente. Jésus désire que nous ressuscitions aujourd’hui avec Lui, c’est à dire que nous transformions notre pensée, notre regard… notre vie ! Il veut nous partager aujourd’hui, non pas demain, ou dans un paradis futur, mais aujourd’hui, la joie et l’espérance qui ne génèrent pas la mort mais qui transforment la vie.
Acceptons ce message de la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Préférons-nous pleurer sur nous-mêmes et sur nos morts ou transformer notre vie avec Jésus ?
Seigneur Jésus, ressuscite dans l’aujourd’hui de notre humanité si affligée par ce terrible virus mortel, qui limite notre vie, mais qui ne conditionne pas notre foi et notre espérance en toi.
Redonnes-nous la joie de célébrer Pâque, de la même manière que tu l’as célébré avec tes disciples à la dernière cène, autour de la table du pain et du vin de l’amour qui se fait service, avec le don total de la vie.
En ces jours terribles que nous vivons, sans eucharistie, sans la pénitence et la proximité physique des frères de la communauté, nous avons mieux compris l’importance d’être toujours avec Toi, à travers les signes sacramentels que tu as institué au cours de la dernière cène pour nous faire comprendre qu’a chaque instant de notre vie tu es proche de nous.
Jésus, ressuscité des morts, ouvre les petits sépulcres que nous portons dans nos cœurs, où demeurent la mort, la tristesse et l’absence.
Elimine de nos vies tout ce qui nous enferme dans une vision de l’existence purement terrestre.
Nous savons que nous ne serions pas des cœurs et des âmes de ressuscités si nous ne faisions pas un trésor de cette grande leçon de l’histoire que nous vivons aujourd’hui, leçons de limite de nos connaissances techniques et scientifiques et que nous aurons à porter et cela bien au-delà de la crise sanitaire mais aussi de la solidarité qui s’est vécu.
Chers frères et sœurs, le premier dimanche où nous pourrons tous nous revoir après le confinement, nous célébrerons un dimanche communautaire pour nous retrouver et glorifier ensemble le Seigneur qui est le Vivant pour les siècles des siècles.
Le Christ est ressuscité Alléluia
Oui, Il est vraiment Ressuscité Alléluia
Bonne fête de Pâques
Fr. Thierry Knecht, O.SS.T.