Rouleau Torah

Feuille de quinzaine n°486

Du dimanche 19 janvier au dimanche 5 mars

En pèlerinage vers Pâques

Dernier dimanche avant l’entrée en Carême ! L’évangile de ce jour ne nous ouvrirait-il pas le chemin d’un pèlerinage pour rejoindre la Pâque du Christ ou plutôt nous laisser rejoindre par elle ?  Face aux préceptes de la loi de Moïse, Jésus pose sa propre parole : « il vous a été dit… Eh ! bien moi je vous dis…». Loin d’entrer dans un affrontement, Jésus ouvre une voie toute nouvelle, celle de l’accomplissement : « je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » Accomplissement qu’il réalisera en plénitude sur la Croix, plénitude d’un Amour vécu jusqu’à l’extrême : « Tout est accompli ».

A ses disciples, Jésus va demander d’aller plus loin, infiniment au-delà d’une observance plus ou moins légaliste de la Loi. Véritable passage à effectuer, sollicitation offerte à leurs libertés. Il ne s’agit plus de se contenter de ne pas faire, mais d’initier des comportements véritablement inouïs, ceux de la Loi nouvelle.

« Œil pour œil, dent pour dent… », adage juridique canalisant la vengeance, le châtiment restant proportionné à l’offense. Aller au-delà, cela va être de « ne pas riposter », de ne pas rendre le mal pour le mal, de renoncer à une réparation légitime. Et dans cette même dynamique, « tendre l’autre joue », loin d’être une provocation adressée à l’offenseur (ce qui d’ailleurs serait risquer de recevoir une deuxième gifle !), c’est présenter la joue qui ne porte pas la marque de l’offense. Ne serait-ce pas inviter l’agresseur à une relation nouvelle, en renonçant là encore à son bon droit ? A celui qui le gifle lors de sa Passion, Jésus pose cette seule question « pourquoi … ? », question ouverte offrant à cet homme de faire libre retour sur lui-même et sur les raisons de son acte.

Chacune des injonctions ouvre un chemin invitant à dépasser toute haine, tout calcul mesquin et à sortir de la logique du coup pour coup, du donnant-donnant, pour découvrir, pas à pas, que « la mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure. » Saint Augustin

La barre n’est-elle pas vraiment trop haute ? Aimer ses ennemis est contre nature ! Pourquoi de tels renoncements ? La visée en est donnée : « afin d’être parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Être parfait comme le Père est évidemment impossible à l’homme livré à ses seules forces ! mais avec la grâce de Dieu, l’impossible devient chemin à parcourir pas à pas.

Quarante jours, temps d’une gestation, nous sont donnés pour marcher sur ce chemin, avec Jésus montant vers sa Pâque, non en nous crispant sur un idéal, ou un perfectionnisme fantasmé, mais pour aller humblement à la source de l’Amour, Amour offert inconditionnellement à nos libertés. Carême, temps donné pour contempler de quel amour nous sommes aimés, temps pour nous laisser réajuster au désir du Père et nous faire proches de nos frères connus ou inconnus.

Alors les yeux fixés sur Jésus, entrons avec lui dans le combat de Dieu !

Colette Fleury