La Fête du Baptême du Seigneur, que l’Église fête ce dimanche, clôt le cycle de Noël. A l’Incarnation du Seigneur, lors de la Nativité, répond 30 ans plus tard sa plongée dans les eaux du Jourdain. Au Gloria des anges à Noël, répond la manifestation trinitaire lors du Baptême : la voix du Père, le don du Fils, l’Esprit comme une colombe.
Le baptême du Seigneur chez les quatre évangélistes
L’Evangile de Matthieu (3, 13-17)
De Galilée, Jésus vint trouver Jean au Jourdain pour y être plongé par lui. Jean refusa : Tu viens me voir pour être plongé dans le Jourdain, alors que c’est moi qui devrais l’être par toi !
Mais Jésus : Ne résiste pas maintenant. Tout ce qui est juste doit avoir lieu. Faisons en sorte de l’accomplir.
Alors Jean ne résista plus. Jésus est plongé dans l’eau. Aussitôt il en ressort. Les cieux s’ouvrent, il voit comme une colombe se poser sur lui : c’est le Souffle de Dieu. Des cieux, une voix se fait entendre : Celui-ci est mon fils, je l’aime. C’est en lui que j’ai trouvé toute ma joie.
L’Evangile de Luc (3, 21-22)
À ce moment, tout le peuple a été baptisé. Jésus aussi a été baptisé. Il priait quand le ciel s’est ouvert. Le souffle saint s’est présenté physiquement sous la forme d’une colombe, est descendu sur lui, et une voix est venue du ciel : Tu es mon fils, mon aimé, de toi je trouve ma joie.
L’Evangile de Marc (1, 9-11)
Le temps venu, Jésus vint de Nazareth, en Galilée, et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. Remontant de l’eau, il vit le ciel se déchirer. Le Souffle, comme une colombe, descendit sur lui. Et une voix, du ciel : Tu es mon fils, mon aimé, en toi est ma joie.
L’Evangile de Jean (1, 32-34)
Jean témoigne : « j’ai vu le Souffle divin descendre du ciel comme une colombe et se poser sur lui. Je ne le connaissais pas mais celui qui m’envoie bapiser par l’eau m’a dit : « l’homme sur qui tu verras le Souffle descendre et se poser, c’est lui qui baptise par le Souffle saint ». J’ai vu, je suis témoin, il est le fils de Dieu ».
Tous ces extraits bibliques sont issus de la traduction de la Bible Bayard ; paru sur Croire.com en janvier 2008
Plonger dans le récit du baptême de Jésus
Le temps de la préparation
Esprit de Jésus, nous avons été plongés en toi par notre baptême. Imprègne totalement notre cœur pour que nous puissions recevoir et comprendre la foi des premiers chrétiens qui se déploie dans les évangiles.
Le temps de l’observation
La déclaration préliminaire de Jean Baptiste se concentre sur l’inconnu qui vient « derrière » lui. Jean souligne avec solennité qu’il est moins « puissant » que celui qui vient et qu’il est même indigne d’être son serviteur. Il insiste. Entre lui et celui qui vient, il y a toute la différence qui sépare l’eau, un élément naturel, de l’Esprit Saint, le Souffle de Dieu !
Brusquement, le récit passe à Jésus. Serait-ce lui dont parle Jean Baptiste ? Jésus n’arrive pas de Jérusalem,mais de Nazareth en Galilée.
L’objectif de Jésus est de se faire baptiser par Jean. Trois phénomènes curieux s’enchaînent. D’abord le ciel « se déchire ». Était-il donc fermé ? L’Esprit peut ensuite descendre sur Jésus « comme une colombe ». Jésus est le seul à le voir. Enfin une « voix », du ciel, se fait entendre et identifie Jésus « au Fils bien-aimé ».
Le Jourdain cède la place au ciel. Le baptême devient l’occasion d’une révélation céleste sur Jésus.
Le temps de la méditation
Jésus a reçu le baptême de Jean en étant plongé dans l’eau vive du Jourdain. Le récit de son baptême par Marc a les couleurs de Pâques, de l’Écriture, de l’espérance chrétienne et de la vie de l’Église.
La foi de Pâques
Jésus est le « Fils bien-aimé » de Dieu. L’identification de Jésus au « Fils bien-aimé » traduit la foi chrétienne au Fils de Dieu venu habiter parmi nous. Jésus est rempli de l’Esprit de Dieu, comme le Messie annoncé par les prophètes.
L’Ancien Testament
Le récit du baptême culmine dans la révélation divine: Jésus peut être appelé « le Fils bien-aimé » (Psaume 2), il reçoit l’Esprit de Dieu comme le roi de Dieu, comme le Messie de Dieu. Si Jésus est le Messie attendu, il l’est à la manière du Serviteur, en qui Dieu « a mis tout son amour » (Isaïe 42,1-2). C’est par le don de sa vie que Jésus sera le Messie-Serviteur. La colombe peut être une image du peuple (Psaume 68,14 ou Osée 11,11): Jésus est au service de ses frères. Elle peut aussi renvoyer à l’Esprit qui plane sur les eaux au moment de la création: avec Jésus, s’ouvre la création nouvelle.
L’espérance du monde à venir
Le Baptiste appartient au mouvement religieux qui proclame la venue imminente du Royaume divin pour les justes. Les chrétiens croient que Jésus, le Ressuscité, est entré dans ce Royaume. Nous sommes appelés à le rejoindre. Le baptême chrétien dans l’Esprit marque cette espérance. Après le temps de l’Exil, des croyants pensaient que Dieu se taisait et que le ciel était fermé. Sa réouverture interviendra aux temps nouveaux. Avec Jésus, c’est fait: les cieux s’ouvrent.
La vie des communautés chrétiennes
Au moment où s’écrivent les évangiles, le baptême d’eau pour les chrétiens prend une toute nouvelle signification. Le geste du plongeon dans l’eau reste le même,mais il ne s’agit plus de se purifier en vue du monde nouveau de Dieu. Il manifeste pour le disciple un « plongeon » total dans le Christ, dans la vie du Ressuscité, dans son Esprit.
Le souvenir de Jésus de Nazareth
Jean Baptiste annonce pour bientôt le jour du Jugement divin qui doit précéder l’instauration du monde nouveau ou royaume de Dieu pour les justes. Le fait de plonger dans l’eau vive du Jourdain manifestait la décision de se purifier et de se préparer à cette venue du jour de Dieu.Jésus a bel et bien reçu ce baptême proposé par Jean Baptiste. L’évangéliste Marc le reconnaît sans problème.Jésus a commencé par suivre quelque temps le Baptiste avant de créer son propre mouvement.
Le temps de la prière
Dieu notre Père, « une voix descend du ciel pour attester que ta Parole habite chez les hommes, et l’Esprit consacre ton Serviteur Jésus, pour qu’il aille annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle. C’est pourquoi nous te bénissons et nous te chantons. » (Préface – Baptême du Seigneur.)
Père Marc Sevin, bibliste, pour Prions en Eglise, N°265 ; janvier 2009.