Au début de son pontificat, Jean-Paul II nous fit cette confidence : « Le chapelet est ma prière préférée. Prière merveilleuse dans sa simplicité et sa profondeur ». Prière merveilleuse ? Ce n’est pas toujours l’impression que donne la récitation du chapelet ! Le caractère répétitif de cette prière peut heurter notre spiritualité qui préfère l’intimité de la contemplation ou la solennité de la liturgie à la succession des « Ave ». Dans ce sens, le chapelet est une prière de purification… Et c’est bien ainsi !
Alors comment faire ? Il y a plusieurs approches possibles. Prier le chapelet demande une attention détendue. Je ne dis pas une distraction évasive ! Ni même une concentration laborieuse ! La répétition permet de laisser résonner les paroles. C’est comme un mouvement qui nous emporte. Le Père Lacordaire, parlant du rosaire, disait : « L’amour n’a qu’un mot et en le disant toujours, il ne le répète jamais ». Ainsi conçu, le chapelet n’est pas une routine mais une route qui nous conduit, par Marie, au Christ.
Les paroles mêmes qui sont priées ont toute leur importance. Lorsque Marie entendit la salutation de l’ange : « Chaïré ! » (« Réjouis-toi ! »), tout Israël, toute l’humanité, tout l’univers se sont réjouis avec elle. Le salut du monde a commencé par ces mots : « Chaïré » ! Réciter le rosaire, quels que soient les mystères, c’est toujours s’unir à cette joie de Marie qui accueille le Sauveur.
Jean-Paul II nous a invités à méditer avec Marie les mystères de la vie du Christ. C’est une manière d’adorer et d’éviter « la récitation mécanique de formules » (Paul VI). Il ne s’agit pas d’une réflexion, mais d’un regard simple et paisible posé sur un aspect du mystère contemplé. Une image peut fixer notre attention, une parole peut demeurer en nous pendant que nous récitons tranquillement la salutation angélique. On peut aussi diviser la méditation des mystères en plusieurs temps dans la journée.
La prière du chapelet est une prière d’intercession. Saint Pie X disait : « Donnez-moi une armée qui récite le chapelet et je ferai la conquête du monde ». Je trouve si simple et si beau d’intercéder pour celles et ceux qui se confient à nous par la prière du chapelet. Je me souviens de cette fille de 9 ans qui, à 11 h du soir, devant sa tente scoute, priait seule le chapelet pour la conversion de son papa.
Le chapelet est la prière des pauvres, et c’est parce que nous sommes trop riches que cette prière nous semble difficile. Je pense à cette personne atteinte d’Alzheimer dont la seule cohérence verbale était le « Je vous salue Marie ».
Enfin, la prière du chapelet plaît à Marie. Partout où la Vierge apparaît, elle demande de prier le chapelet. La raison profonde nous échappe. Mais n’oublions pas que c’est en se plongeant sept fois dans le Jourdain que Naaman le lépreux, sceptique devant la simplicité de la prescription, ressortit guéri… C’est cela aussi le chapelet !
Père Nicolas Buttet *
* Fondateur de la fraternité Eucharistein.