3ème dimanche de l’avent
Il semblerait qu’il y ait deux baptêmes, celui de Jean et celui du Christ.
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient à la main la pelle à vanner
pour nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera le grain dans son grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Ce simple verset invite à beaucoup de questions.
Tout d’abord que veut dire baptiser dans l’eau ?
Quel est ce baptême du Christ qui est une plongée dans l’Esprit Saint et le feu ?
Troisième question : quel rapport avec le 3ème dimanche de l’Avent dit Gaudete que l’on place sous le signe de la joie.
Le baptême de Jean est puisé dans la tradition biblique. Les rites de purification avec l’eau se développent beaucoup à l’époque du Baptiste: telle l’ablution pour se purifier au retour de la place publique car on pouvait y avoir côtoyé des païens et des pécheurs (Marc 7. 4).
De même chez les contemporains de Jésus, quand un non-juif se convertissait (“prosélyte”), il était marqué de la circoncision, signe commun aux enfants d’Abraham. Mais, pour indiquer sa rupture avec le monde païen, il prenait aussi un bain, appelé couramment “baptême des prosélytes”. La plongée dans l’eau signifiait la mort à l’ancienne vie et la remontée qui suivait immédiatement symbolisait une nouvelle manière d’être.
Où est l’originalité de Jean-Baptiste dans ce qu’il propose.
La grande différence, c’est que Jean-Baptiste ne baptise pas les prosélytes. En effet ceux qui se présentent sont des descendants d’Abraham. Alors pourquoi ce rite ? Jean-Baptiste invite à un baptême de conversion. Le messie tant attendu vient ! Il est déjà là ! Convertissez vous car le moment que nous vivons est essentiel. Je vais vous plonger dans l’eau symbole de la mort. Mourrez au péché en vous reconnaissant pécheur et remontez de cette mort en homme libre du péché. S’abriter derrière la paternité d’Abraham ne suffit pas, ou derrière le feu des sacrifices ne suffit pas. C’est vous mêmes que vous devez offrir. C’est vous-même dans la vie quotidienne. Jean-Baptiste nous ramène à notre vie quotidienne, en invitant à la charité et en exigeant de renoncer à la violence et à la cupidité.
Où est la nouveauté en Jésus ?
Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ?
Jésus n’a pas baptisé durant sa vie terrestre, pas même au cercle étroit de ses apôtres,. Au moment de les quitter lors de l’Ascension, il prescrivit à ses disciples :” de ne pas s’éloigner de Jérusalem mais d’y attendre la Promesse du Père, le don que je vous ai annoncé. Car Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés, saints, dans l’Esprit.” (Actes 1. 4 et 5). C’est donc à la Pentecôte que seront baptisés les disciples. C’est à notre baptême et à notre confirmation que nous avons été plongés dans l’Esprit Saint. Le feu est donc le symbole de l’Esprit Saint. Il a une autre signification : Le Messie vient exercer le Jugement de Dieu. Dans l’Ancien Testament, très habituellement, le jugement de Dieu était évoqué comme une purification par le feu et par une opération de tri : « Il tient en main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. » Les auditeurs de Jean-Baptiste connaissaient cette image, ils savaient que c’est effectivement une Bonne Nouvelle car ce tri ne supprimera personne : ce feu n’est pas un feu de destruction mais de purification ; comme la pépite d’or est purifiée de ses scories pour être plus belle encore, ce feu nous débarrassera tous de ce qui, en chacun de nous, n’est pas conforme au royaume de justice et de paix instauré par le Messie. Il a aussi une signification eschatologique. Toute cette purification sera en plénitude dans chacune de nos vies quand nous le verrons face à face et dans l’accomplissement de l’histoire, à la fin des temps quand le Christ récapitulera et assumera toutes choses en Lui.
Esprit Saint et feu mais l’eau ?
Le signe sacramentel du baptême est l’eau et non pas le feu. “Nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit”, déclare Jésus à Nicodème (Jean 3. 5). Jésus lui-même, quand il parle de son baptême, désigne sa Passion (Luc 12.50).
Nous avons été plongé dans la mort et la Résurrection du Christ. Son baptême, c’est quand il a été plongé dans les eaux de la mort pour renaître dans le mouvement de sa Résurrection. C’est dans ce baptême que nous-mêmes avons été plongés.
A la lumière de cette réflexion, nous pouvons relire Sophonie. “ Le Seigneur ton Dieu est en toi. C’est lui le héros qui apporte le salut. Il te renouvellera par son amour.”
Le temps de l’Avent est celui de l’annonce joyeuse de cette venue qui nous libère : “Il dansera pour toi avec des cris de joie” (Sophonie 2. 18). “