Après Pâques qui célèbre sa résurrection d’entre les morts, la fête de l’Ascension marque la « montée » de Jésus au ciel, auprès de son Père. Est-ce là qu’il se trouve désormais ? Nous aurait-il quitté ?
« Si Jésus est vivant alors, il est où ? », question posée dans Mille questions à la foi, émission de KTO.
https://youtu.be/bht9d8uFFtg
Si le fichier que je viens d’enregistrer sur mon ordinateur peut être à la fois sur mon disque dur et arriver dans la boite mail d’un de mes contacts sans disparaître de mes propres documents, les êtres de chair et de sang ne peuvent être qu’en un seul lieu à la fois. Aussi serions nous tentés de nous dire que si le témoignage des évangiles est juste (Marc 16, 19 ; Luc 24, 51 ; Jean 20, 17 ; Actes 1, 9), Jésus est désormais auprès de son Père d’où il reviendra un jour (Actes 1, 11). La question serait donc réglée…
Mais le lecteur attentif du Nouveau Testament aura pris note de quelques éléments qui viennent compliquer les choses : « Je suis avec vous chaque jour» nous dit Jésus dans l’évangile de Matthieu. Il y a aussi ces fameux disciples d’Emmaüs, qui après la résurrection cheminent avec lui sans le savoir, jusqu’à ce qu’ils le reconnaissent alors qu’il rompt le pain pour eux comme il l’avait fait lors de son dernier repas (Matthieu 24, 13-32). Notons qu’au moment même où ils le reconnaissent, le Christ disparaît…
Une présence différente de tout ce que nous connaissons
Si le Ressuscité a bien un corps, il est difficile de «lui mettre la main dessus» : Manifestement, le tombeau ne l’a pas retenu, et les murs ne le retiennent pas non plus, comme lorsqu’il se trouve au milieu de ses apôtres malgré les portes verrouillées (Jean 20, 26). Son mode de présence a changé, et avouons-le, il ne rentre plus dans les « cases » auxquelles nous sommes habitués. Sa résurrection a introduit quelque chose de radicalement nouveau, et qui nous est totalement inconnu…
On peut résumer les choses ainsi : il ne se donne plus à voir, mais à reconnaître, comme dans la parabole du jugement dernier, où il révèle qu’il était « ceux qui avaient faim et à qui l’on a donné à manger, soif et à qui l’on a donné à boire… » (Matthieu 25, 35-40). Jésus est donc réellement présent dans ces frères qui sont à nos côtés et que l’on remarque ou que l’on ignore. Mais il est aussi présent dans ce pain que l’on partage à la messe, son Corps, dont il a fait une nourriture nouvelle. Il est encore présent dans sa Parole que proclament les Écritures, et de beaucoup d’autres manières.
S’ouvrir à l’infini de sa présence : une invitation à le chercher et à le reconnaître.
Ce faisant, il nous invite avant tout à le chercher et à nous ouvrir à cet infini de sa présence, que sa venue dans la gloire mettra un jour en pleine lumière. Il est plus juste finalement de parler ainsi plutôt que d’évoquer un « retour », car l’on revient quand on est parti. Or, si Jésus est bien auprès du Père, il ne nous a pas quittés pour autant et ne cesse d’être présent dans son corps ecclésial, bien au-delà de l’Eglise visible. Il nous a donné son Esprit, l’Esprit qui dès maintenant, nous permet de le reconnaître et de le trouver là où il nous surprend toujours. « Et moi, je suis avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20).
Joseph Herveau, licencié de théologie, responsable national de la Mission Animation Pastorale – Secrétariat général de l’Enseignement catholique.
Trouver une œuvre d’art ou une image illustrant cette question n’est pas forcément chose simple.
En effet, il s’agit de rendre visible une absence. Une absence sur laquelle est fondée la foi chrétienne ! Si les apôtres ont cru, plus particulièrement Pierre et Jean, c’est parce qu’au matin de Pâques, ils trouvent selon ce que leur avait annoncé Marie-Madeleine, le tombeau vide (Jean 20, 1-8).
Aujourd’hui, Jésus Christ se donne à reconnaître dans le Corps des Écritures, Lui qui est Parole de Dieu, dans son Corps sous la forme du pain consacré à la messe et dans son Corps qu’est l’Eglise dont Il est la tête (1Corinthiens, 12, 27).
Les plus anciens d’entre nous ont peut-être encore en mémoire le chant « Je cherche le visage du Seigneur » popularisé par John Littleton : Je cherche le visage, le visage du Seigneur, Je cherche son image tout au fond de vos cœurs.
Le visage est un élément essentiel du corps humain. Ce terme d’ailleurs ne s’applique qu’à l’homme Le visage est celui par lequel nous exprimons qui nous sommes et qui traduit nos sentiments. Dévisager quelqu’un peut conduire à ne pas le reconnaître, à ne pas lui reconnaître une égale dignité. Cracher au visage de quelqu’un, comme l’ont fait les soldats au visage du Christ, c’est nier son existence humaine.
Chacun des baptisés est appelé à être visage du Seigneur, à faire rayonner sur son propre visage, le visage de Dieu (Nombres 6, 25), afin que tous ceux qu’ils rencontrent découvrent qu’ils sont « envisagés » par le Seigneur.
N’est-ce pas ce que nous donne à voir ce « Christ aux mille visages » ?
Constitué de photos d’hommes, de femmes, d’enfants, de personnalités connues ou de simples anonymes, de toutes nationalités, ce visage du Christ nous redit à sa manière ce que saint Paul écrivait aux Galates : « il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ » (Galates 3, 28)
Oui c’est bien l’unité que les chrétiens ont à vivre -unité avec le Seigneur, unité entre eux et unité avec leurs frères en humanité – qui donne à reconnaître Jésus et à croire qu’Il est l’envoyé de son Père pour le Salut du monde. Cette unité que Lui-même vit avec son Père dans la puissance d’amour de l’Esprit (Jean 17, 21).
Bertane Poitou, déléguée diocésaine à la communication, diocèse de Saint-Claude