Le parrain et la marraine sont plus que de simples témoins du baptême : devant Dieu et les hommes, ils donnent leur parole pour aider leur filleul à grandir humainement et chrétiennement.
Pourquoi un parrain ?
Dans les Actes des Apôtres, où les premiers chrétiens sont baptisés, on ne mentionne pas de parrain ou de marraine.
Cependant, dans les Évangiles, nombreux sont ceux qui conduisent un ami, un frère ou même un étranger à Jésus. Ainsi André, après avoir été appelé par Jésus, lui amène son frère Simon-Pierre (Jean 1, 40-42). L’apôtre Philippe entraîne avec lui Nathanaël : « Viens et vois ! » (Jean 1, 46).
Nous n’allons pas seuls au Christ, nous avons besoin des autres. Aussi, selon une très ancienne coutume, l’Église demande à tout baptisé d’avoir au moins un parrain chrétien (ou une marraine chrétienne) qui sera ce médiateur entre Jésus et son/sa filleul(e) et le conduira à lui.
Et comme on ne grandit pas seul, pas plus dans la vie de tous les jours que dans la foi, tout baptisé aura ainsi, en plus de ses parents, une personne sur qui compter pour être accompagné dans sa croissance d’enfant de Dieu.
Le savez-vous ?
Le mot « parrain » vient du latin pater (« père »), et « marraine » de mater (« mère »), tout comme le mot « filleul(e) » vient de filius (« fils ») ou filia (« fille »). Ces mots montrent bien la véritable parenté qu’implique cette fonction : une parenté spirituelle.
Le rôle du parrain et de la marraine
Le rôle du parrain ou de la marraine est double :
– Soutenir et assister son filleul. Le rôle du parrain et de la marraine est « d’assister le futur baptisé et de faire en sorte qu’il mène plus tard une vie chrétienne en accord avec son baptême et accomplisse fidèlement les obligations qui lui sont inhérentes » (Code de droit canonique, § 872).
Parrain et marraine doivent donc aider leur filleul à découvrir Dieu et à grandir dans sa relation avec lui. Si l’enfant a reçu le baptême bébé, il ne peut connaître Dieu que si quelqu’un lui révèle son nom et lui montre comment vivre en chrétien. Le parrain et la marraine sont également de précieux auxiliaires éducatifs, notamment lors de la tumultueuse période de l’adolescence…
Quand le catéchumène est adulte, cet accompagnement et ce soutien seront particulièrement précieux durant une préparation au baptême qui est assez longue – deux ans en général.
Concrètement, comment accompagner son filleul ?
• Prier pour son filleul… et pour soi-même : La mission des parrains et marraines commence par la prière. On peut même dire qu’il ne s’agit pas d’abord de parler de Dieu à l’enfant… mais de parler de l’enfant à Dieu ! Confier son filleul à la sainte Vierge et au Seigneur, rendre grâce pour son existence, est le meilleur service qu’on peut lui rendre. Il s’agit aussi d’invoquer l’Esprit Saint pour être éclairé dans cette mission de parrainage : « Par sa charge spécifique, le parrain est appelé à assumer une fonction d’assistance, d’éclairage, de discernement. Or, cette responsabilité relève bien de l’action de l’Esprit », explique le Père Dupleix.
• Passer du temps avec lui : pour construire un climat d’affection et de confiance entre vous. À chacun de trouver les activités partagées : de la simple balade à l’activité exceptionnelle, le panel est large !
• Fêter l’anniversaire de son baptême : l’anniversaire de naissance, tout le monde y pense, mais pourquoi ne pas fêter l’anniversaire du baptême, qui est la date d’une nouvelle naissance dans le Christ ? Le pape François nous y a invités à plusieurs reprises, « pour rendre grâce à Dieu de ce don ». Une petite carte ou un coup de téléphone suffisent.
• Se laisser convertir… par son filleul : la parenté spirituelle impliquée par le fait d’être parrain ou marraine n’est pas à sens unique. L’enfant peut être un grand maître de foi, dans la confiance qu’il peut avoir en Dieu. Le parrain et la marraine peuvent demander à leur filleul de prier pour eux de temps en temps, sans que cela soit trop lourd à porter. Cette petite mission le fera grandir.
– Se porter garant au nom de l’Église. Entrer dans l’Église engage autant celui qui y rentre que la communauté ecclésiale qui l’accueille. Quand le candidat au baptême est adulte, le parrain ou la marraine se porte garant de la rectitude et de la profondeur de sa démarche.
La présence d’un parrain et d’une marraine montre également de façon concrète que la famille du baptisé s’agrandit : désormais, tous les chrétiens, sur terre comme au Ciel, sont ses frères et sœurs, et au Ciel, il a un Père et une Mère… sans compter son ange gardien, et tous les anges.
Enfin, la présence d’un parrain et d’une marraine est le signe du rôle maternel de l’Église qui veille sur chacun de ses membres.
Dans le baptême, chaque enfant est introduit dans une compagnie d’amis qui ne l’abandonnera jamais dans la vie ni dans la mort, parce que cette compagnie d’amis est la famille de Dieu, qui porte en elle la promesse de l’éternité. Benoît XVI, 8 janvier 2014
Une place privilégiée dans la célébration
Parrain et marraine ont une place privilégiée au cours de la célébration du baptême. Par exemple, si le baptisé est un bébé :
– Lors de l’accueil, sur le seuil de l’église, ils se tiennent aux côtés de ses parents. Ils s’engagent avec eux à faire découvrir Dieu à l’enfant. Ils le marquent du signe de la croix, signe du Christ.
– Ensuite, avec les parents, ils renoncent au mal et affirment leur foi.
– C’est, de préférence, la mère qui porte l’enfant lorsque celui-ci est baptisé[1]. Néanmoins, la marraine peut le faire, signifiant ainsi que cet enfant est d’abord celui de Dieu.
– En le revêtant du vêtement blanc, ils montrent que le baptisé prend part à la Résurrection, qu’il est enveloppé de la tendresse de Dieu.
– La tâche d’allumer un cierge au cierge pascal et de le transmettre aux parents est souvent confiée au parrain. Ce cierge est le signe que le Christ est désormais la lumière du baptisé.
– En signant, avec les parents, le registre des baptêmes de la paroisse, ils témoignent que l’enfant a bien été baptisé.
Quelles sont les conditions pour être parrain ou marraine ?
Étant donné la nature de cette mission spirituelle, pour être parrain ou marraine, il faut :
• Être catholique, baptisé, confirmé et avoir reçu l’eucharistie. Le sacrement de confirmation est demandé par l’Église comme signe du sérieux de l’engagement chrétien.
• Avoir les aptitudes et l’intention d’assumer cette responsabilité de témoin privilégié du Christ. Avoir le désir de vivre en conformité avec les promesses de son baptême et de s’engager à la suite du Christ.
• Avoir 16 ans, afin d’avoir la maturité suffisante pour accompagner son filleul. Le prêtre peut faire une exception si le jeune est particulièrement mûr, par exemple.
• Ne pas être le père, la mère ou le conjoint du baptisé.
Peut-on choisir un parrain ou une marraine qui n’est pas catholique ?
Il suffit qu’il y ait au moins un parrain ou une marraine catholique. Si l’autre est chrétien et croit au Christ, il pourra tenir un rôle durant la célébration, et parapher le registre au titre de « témoin », un peu comme un témoin de mariage.
Comment choisir les parrain et marraine ? Et comment se préparer à recevoir cette mission ?
Les parents du bébé peuvent s’interroger :
• où en est, dans sa foi, la personne pressentie ?
• Quels éléments humains, relationnels, favoriseront une manière heureuse de vivre le parrainage ou pourraient, au contraire, le gêner ?
Quant à vous, à qui l’on a demandé d’être parrain ou marraine, il vous faut toujours pouvoir répondre en toute liberté, et il doit être possible de refuser. Vous pouvez vous demander :
• comment vais-je être cohérent dans ma vie et ma foi pour assumer l’engagement que je vais prendre ?
• Pourrai-je être assez disponible pour mon filleul ?
• Dans le cas d’un adulte : les liens qui m’unissent au catéchumène s’orientent-ils sur un plan qui serait incompatible avec le fait d’être parrain ou marraine (par exemple, un lien amoureux) ?
Pour accepter cette responsabilité, il ne faut pas connaître parfaitement toute la théologie catholique !… Mais, au moins, avoir le désir d’approfondir sa foi : le parrainage est une formidable opportunité pour cela.