le 24 novembre
C’est avec la fête du Christ-Roi de l’Univers, instituée en 1925 par le Pape Pie XI, que s’achève l’année liturgique. Nous célébrons celui qui n’est pas roi à la manière des princes d’ici-bas mais qui s’abaisse et livre sa vie pour tous, afin que tous nous régnions dans la gloire à ses côtés.
La fête du Christ-Roi veut ainsi convertir nos cœurs et nos représentations, pour que nous comprenions que la puissance véritable réside mystérieusement dans l’abaissement et le don de soi. Son règne est celui de la justice et de l’amour, objet de toute espérance et dont l’édification patiente est la mission de chaque homme.
Précédent l’entrée dans le temps de l’Avent et marquant la fin d’une année liturgique, cette fête nous invite ainsi à célébrer Celui qui, par-delà les ans, domine l’histoire depuis son commencement jusqu’à son achèvement en Dieu.
Traditionnellement, dans le diocèse de Paris, c’est en cette fête qu’a lieu la Messe des jeunes confirmés : Mgr André Vingt-Trois invite personnellement tous les adolescents confirmés au cours de l’année, entourés de leur famille, parrain, marraine et de leurs amis à venir rendre grâce au cours d’une messe célébrée à Notre-Dame de Paris.
Quelques homélies de Mgr André Vingt-Trois
« Vous l’avez entendu tout à l’heure, dans la lecture de l’Apocalypse, le Seigneur Dieu affirme : « Je suis l’alpha et l’oméga » (Ap 1, 8). L’alpha c’est la première lettre de l’alphabet grec, et l’oméga c’est la dernière lettre de ce même alphabet. « Je suis l’alpha et l’oméga », c’est-à-dire : je suis le commencement et la fin. Par cette parole, le Livre de l’Apocalypse nous fait comprendre que Jésus maîtrise l’ensemble du temps de l’histoire des hommes, depuis l’origine jusqu’à la fin du monde. En célébrant le Christ Roi de l’Univers, nous comprenons que cette maîtrise du Christ sur le temps nous inscrit, à l’intérieur de cet espace énorme de tant de siècles, depuis l’origine de l’humanité jusqu’à la fin de l’histoire. »
– Homélie de la fête du Christ Roi – messe avec les collégiens et lycéens confirmés au cours de l’année liturgique, 25 novembre 2012
« Nous célébrons le Christ-Roi, c’est-à-dire la royauté et le règne du Christ sur le monde. L’évangile de (…) la parabole des talents dont le maître confie la gestion à ses serviteurs, nous fait découvrir que le royauté universelle de Jésus n’est pas un pouvoir de domination, mais un règne qui dévoile le cœur et la liberté des hommes.
Dans le chapitre 24 de l’évangile de saint Matthieu, la parabole des talents nous parle du jugement de ceux qui ont reçu des richesses pour les faire fructifier, c’est-à-dire des héritiers de la Révélation de la Parole de Dieu. Le passage que nous venons d’entendre concerne le jugement de ceux qui n’ont pas reçu ces richesses : les hommes et les femmes qui ne connaissent rien, ni de Dieu, ni de la Bible, ni de l’Église. En nous révélant l’espérance qui leur est promise et la manière dont ils peuvent accomplir ce qui est bon, Jésus nous fait découvrir comment il est le Sauveur de tous les hommes, lui qui n’est pas venu « pour condamner le monde, mais pour que tout homme soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). Jésus est le bon pasteur qui « rassemble dans l’unité, l’universalité des enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52). »
– Homélie pour le Centenaire de Notre-Dame du Rosaire – Solennité Christ Roi, 20 novembre 2011
« Dire que le Christ siégera sur son trône de gloire, ou comme l’écrit saint Paul, « qu’il exerce la royauté jusqu’à son retour », évoque pour nous les sculptures, quelques fois très belles, des tympans des cathédrales qui représentent le Christ en majesté assis sur un trône.
Nous avons aussi, de manière plus diffuse, l’image de ceux qui exercent le pouvoir parmi les hommes, et ont la puissance de commander et d’organiser le monde. Mais l’Evangile nous explique que si le Christ est roi, il n’exerce pas sa royauté à la manière des chefs de ce monde, mais à la manière dont Dieu veut être le roi de l’humanité, c’est-à-dire en étant un roi pasteur, un roi berger de son peuple, comme nous l’avons entendu tout à l’heure dans le livre du prophète Ezéchiel.
Le Christ ne règne pas pour prendre le pouvoir, pour dominer les hommes ou pour les conduire malgré eux, mais pour les rassembler, pour aller à la recherche de la brebis perdue, pour soutenir celle qui est affaiblie, pour soigner celle qui est blessée. Ainsi, le Christ se fait serviteur de l’humanité et rassemble peu à peu tous les hommes en un seul troupeau qui est une seule famille. »
– Homélie de la fête du Christ Roi – messe avec les collégiens et lycéens confirmés au cours de l’année liturgique, 23 novembre 2008
« Associer l’image du Christ-Roi à l’image du serviteur pauvre et humilié est le paradoxe de notre foi chrétienne, car le moment où le Christ devient vraiment le roi de l’univers, saint Paul nous le disait à l’instant, est celui où il fait l’offrande de sa vie, alors qu’il est dressé sur la croix, sur laquelle par dérision on a affiché : « Jésus de Nazareth, Roi des juifs » et que, ressuscitant de la mort, il exerce la véritable puissance de Dieu sur le monde, non pas par la contrainte des libertés personnelles mais par l’écrasement des puissances mauvaises qui traversent l’histoire humaine. Si la puissance de Dieu s’exerce à travers le Christ, ce n’est pas pour contraindre notre adhésion, c’est pour délivrer notre cour de toutes les entraves qui l’habitent, c’est pour manifester sa victoire sur le péché, c’est pour restaurer la liberté humaine, c’est pour nous rendre capable de le choisir.
(…) Être serviteur du Christ-Roi, ce n’est pas partager une puissance, c’est partager un service, c’est entrer dans le service du pasteur attentif à la brebis égarée, c’est entrer dans le service de ce pasteur soucieux de rassembler tout le troupeau, c’est entrer dans le service de ce pasteur vigilant qui accompagne l’ensemble des brebis, celles qui le connaissent, comme celles qui ne le connaissent pas. Ainsi, nous pouvons vraiment célébrer le Christ-Roi non pas comme une sorte de revanche sur l’humiliation où peut se trouver parfois notre foi chrétienne et notre Église, mais comme une expérience qui nous fait découvrir la véritable maîtrise de Dieu sur le monde : il revêt la tenue du service, le tablier noué à la ceinture pour se mettre aux pieds de l’humanité représenté par les disciples. »
– Homélie de la Messe du Christ Roi, 20 novembre 2005
Dans le Catéchisme de l’Église catholique
Un Peuple sacerdotal, prophétique et royal extrait du Paragraphe 2. L’Église – Peuple de Dieu, Corps du Christ, Temple de l’Esprit Saint
783 Jésus-Christ est celui que le Père a oint de l’Esprit Saint et qu’il a constitué « Prêtre, Prophète et Roi ». Le Peuple de Dieu tout entier participe à ces trois fonctions du Christ et il porte les responsabilités de mission et de service qui en découlent [1].
786 Le Peuple de Dieu participe enfin à la fonction royale du Christ. Le Christ exerce sa royauté en attirant à soi tous les hommes par sa mort et sa Résurrection [2]. Le Christ, Roi et Seigneur de l’univers, s’est fait le serviteur de tous, n’étant « pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20, 28). Pour le chrétien, « régner, c’est Le servir [3] ». Le Peuple de Dieu réalise sa « dignité royale » en vivant conformément à cette vocation de servir avec le Christ.
Le devoir social de religion et le droit à la liberté religieuse extrait du chapitre II. « C’est à lui seul que tu rendras un culte »
2105 Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. C’est là « la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ [4] ». En évangélisant sans cesse les hommes, l’Église travaille à ce qu’ils puissent « pénétrer d’esprit chrétien les mentalités et les mœurs, les lois et les structures de la communauté où ils vivent [5] ». Le devoir social des chrétiens est de respecter et d’éveiller en chaque homme l’amour du vrai et du bien. Il leur demande de faire connaître le culte de l’unique vraie religion qui subsiste dans l’Église catholique et apostolique [6]. Les chrétiens sont appelés à être la lumière du monde [7]. L’Église manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines [[cf. Léon XIII, enc. « Immortale Dei » ; Pie XI, enc. « Quas primas »).