La lieutenance de France dispose depuis 1928 d’une église capitulaire, l’église Saint Leu – Saint-Gilles située au 92 rue Saint-Denis à Paris.
L’église Saint Leu-Saint Gilles accordée comme église capitulaire.
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L’année 1927 est marquée par une importante cérémonie. Les chevaliers du Saint Sépulcre sont associés à la célébration du centenaire de la translation des reliques de sainte Hélène dans l’église Saint Leu-Saint Gilles, rue Saint-Denis.
Le 22 novembre, Monseigneur Chaptal, auxiliaire de l’archevêque de Paris vient présider la cérémonie et une plaque commémorative de marbre est apposée sur un pilier du chœur. On peut y lire que les reliques avaient été données par l’Archiconfrérie royale du Saint-Sépulcre le 29 novembre 1820. Les chevaliers français du Saint Sépulcre ne disposaient pas d’église pouvant les accueillir pour leurs cérémonies propres.
L’ancienne collégiale du Saint-Sépulcre, rue Saint-Denis, et l’église des Grands Cordeliers, sièges successifs de l’ancienne Archiconfrérie avaient disparu avec la Révolution.
Le centenaire de la translation des reliques de Sainte-Hélène auquel ils avaient été conviés leur paru providentiel en leur suggérant que Saint Leu-Saint Gilles pourrait être valablement leur église capitulaire.
Ils obtiennent facilement l’accord du cardinal Dubois, Archevêque de Paris. Le 16 octobre 1928 se déroule en l’église Saint-Leu la cérémonie solennelle de « Réintégration des Chevaliers du Saint-Sépulcre dans leur paroisse ancestrale de Saint Leu-Saint Gilles ». La chapelle des fonts baptismaux est concédée à titre de chapelle privative. Une plaque de marbre portant une inscription commémorative est apposée à l’entrée. L’archevêque de Paris préside lui-même la cérémonie. Un procès-verbal est établi et signé par toutes les personnalités présentes. En voici le texte :
« L’an mil neuf cent vingt huit, Sa Sainteté Pie XI glorieusement régnant, le seizième jour du mois d’octobre en l’église paroissiale St Leu-St Gilles à Paris, Son Éminence Monseigneur le Cardinal Dubois Archevêque de Paris, Grand Aumônier et Haut Protecteur de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre en France, Mr le Chanoine G. Panel, Curé de là dite Paroisse, Chevalier de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre, assisté de son Clergé et de Messieurs les Membres de son Conseil Curial, Mr Paul Lambert Destailleurs. Chevalier Grand Croix de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre, représentant en France de S. Exc. Mgr le Patriarche Latin de Jérusalem, Président de la Province de France, Mr le Comte René Philipon, Grand Officier de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre, Vice-président de la Province de France, Mr le Baron de Lormais, Chevalier Grand Croix de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre, Chancelier de l’Ordre en France, Mr le Chanoine Guervin, Commandeur de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre, Aumônier de la Province de France, Directeur Général de l’Œuvre de la Préservation de la Foi en Palestine, et Messieurs les membres du Conseil de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre de la Province de France, Étant assemblés et considérant « Que le 29 novembre 1820, les Chevaliers Français du Saint Sépulcre, ont fait l’hommage à l’église Saint Leu Saint Gilles de la Relique Insigne de Sainte Hélène, Impératrice d’Orient, mère de l’empereur Constantin, qu’ils considéraient comme la fondatrice probable de leur Ordre antique. « Qu’en reconnaissance d’un don d’une valeur aussi inestimable les Chevaliers du Saint Sépulcre ont été admis, à tenir Chapitre et à faire célébrer leurs offices particuliers en la dite église, ainsi qu’en témoignent les monuments et pièces d’archives qui y sont conservé s. « Qu’ils furent toujours accueillis en la dite paroisse comme de parfaits chrétiens et des fidèles. « Que si les effets de cette pieuse entente ne se sont pas poursuivis au-delà de l’année 1830, cela tient à des causes totalement étrangères aux deux éléments contractants, la paroisse d’une part, les Chevaliers du Saint Sépulcre d’autre part. « Considérant enfin que depuis l’an 1920, les Chevaliers de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre se sont de nouveau groupés d’abord en Chapitre, puis constitués en Association légalement déclarée sous le nom de Province de France. Les dits Chevaliers de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre ont sollicité l’honneur d’être réintègres dans les privilèges de leurs ancêtres, et de renouer ainsi la pieuse tradition qui les liait à la vénérable paroisse Saint Leu-Saint Gilles, de Paris, devenue leur asile après la destruction de l’église du Saint Sépulcre, jadis très proche de cette paroisse. « Ce qui précède étant exposé : une entente est intervenue ce jour avec l’autorisation de Son Eminence Monseigneur le Cardinal Dubois,entre Mr le Chanoine Panel, curé de la paroisse, son clergé et son conseil curial, d’une part, Mr Paul Lambert Destailleurs, Représentant de Mgr Barlassina, Patriarche Latin de Jérusalem, Président de la Province de France, Mr le Comte Philipon, Vice-président, Mr le Baron de Lormais, Chancelier de l’Ordre en France, Mr le Chanoine Guervin, Aumônier, et Messieurs les membres du Conseil, représentant la Province de France de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre, d’autre part. « De cette entente il résulte : que Mr le Curé de Saint Leu-Saint Gilles met à la disposition des Chevaliers du Saint Sépulcre de la Province de France la Chapelle des Fonts Baptismaux de son église, sous réserve expresse que les dites ré unions ou offices ne troubleront en aucune façon les exercices du culte paroissial. « Pour donner à l’entente ainsi conçue, une consécration solennelle, une cérémonie présidée par Son Éminence Mgr le Cardinal Dubois. a été célébrée ce jour, en l’église Saint Leu-Saint Gilles, en présence des Hautes Personnalités du Clergé et de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre, qui ont apposé leur signature au bas du présent Procès-verbal dont l’original est remis en hommage à Mr le Curé pour être annexé aux archives de la paroisse. « Des reproductions authentiques de ce procès-verbal seront déposées aux archives de l’Archevêché de Paris et de l’Association des Chevaliers du Saint Sépulcre de la Province de France, [suivent les signatures] »
(La reproduction authentique de ce procès-verbal est conservée au siège de l’Ordre ; un fac-similé en est présenté dans le bureau du Lieutenant)
En comprenant les noms des membres du Conseil, c’est une cinquantaine de chevaliers et dames de l’Ordre qui se trouvent réunis pour signer le procès-verbal.
Ce procès-verbal appelle quelques rectifications historiques. La fondation des chevaliers du Saint-Sépulcre par sainte Hélène est, une pieuse légende sans fondement. En 1820, ce ne sont pas les chevaliers hiérosolymitains du Saint-Sépulcre qui firent donation des reliques de sainte Hélène, mais les chevaliers du prétendu Ordre royal militaire hospitalier du Saint-Sépulcre. Il n’en reste pas moins qu’en revenant rue Saint-Denis, à proximité du premier établissement auquel ils avaient adhéré, ils choisissaient un lieu symbolique dans lequel ils retrouvaient d’ailleurs des souvenirs provenant de l’ancienne collégiale du Saint-Sépulcre.
Les frais entraînés par la mise en état de la chapelle et par cette cérémonie de réinstallation des Chevaliers sont entièrement couverts par les dons particuliers effectués par un certain nombre de membres et dignitaires de l’Ordre. Les noms de ces généreux donataires sont gravés sur une petite plaque de cuivre de 0, 31 cm sur 0,26 cm, qui existe toujours sur le mur gauche de la chapelle et sur laquelle on peut lire : « Paroisse Saint-Leu-Saint-Gilles Province de France de l’Ordre du Saint-Sépulcre. Bienfaiteurs insignes ayant participé à la restauration de cette chapelle. MM. Paul Lambert Destailleurs, Président, le Cte René Philippon, Vice-président, le Bon de Lormais, chancelier, L. d’Haussy, conseiller, Jean Saint, Eug. Caudron, Maurice Dreux, Secrétaire général, le Cte Gab. de La Rochefoucauld, le Cte Emm. de La Rochefoucauld, Max Prudhomme, le Cte Malafosse, Mmes Dupont, marquise de Montferrat, la Bonne de Lormais, Jean Saint, Lecauday, Melles van Brahant, Gastineau. »
A partir du 9 novembre 1928, c’est dans la chapelle capitulaire de Saint-Leu que se tiennent les réunions du conseil du Chapitre puis de la Lieutenance de France ainsi que les assemblées générales annuelles.
Les 22 et 23 décembre 1936, les fonts baptismaux ayant été placés dans un autre lieu, la Lieutenance de France signe un accord avec la paroisse Saint Leu-Saint Gilles aux termes duquel celle-ci lui accorde l’entière et exclusive disposition de la chapelle pour la tenue de ses réunions.
Depuis la dernière guerre, le nombre de chevaliers et dames ayant considérablement augmenté, elle s’est avérée trop petite et elle est affectée par la Lieutenance de France à la conservation d’une partie de ses archives et de sa bibliothèque, ainsi qu’à l’exposition de nombreux souvenirs concernant l’Ordre ou la Terre Sainte.
Ce texte est tiré du livre de Jean-Pierre de Gennes, LES CHEVALIERS DU SAINT-SEPULCRE DE JERUSALEM, volume 2 Première partie, pages 246 à 251. Mémoires & Documents.